A New-York, ce mercredi 29 avril 2015, M. Albert SHINGIRO, Ambassadeur Représentant Permanent du Burundi auprès des Nations Unies, a expliqué la situation actuelle dans son pays.
Ce qu’il faut retenir c’est que premièrement, le bruit provient de 4 quartiers de 1 commune de Bujumbura la Capitale. Le Burundi compte 119 Communes. La 2ème chose est qu’il s’agit d’une insurrection organisée par le parti violent anarchiste du MSD de M.Alexis Sinduhije. Les forces de l’ordre sont arrivés à contenir les débordements dans cette très petite localité de Bujumbura. La Justice burundais s’est mis en route pour juger les responsables de cette insurrection très localisée.
La 3ème chose est que les élections se profilent et que l’organisation avance très bien.
Voici l’entièreté du discours de l’ambassadeur Albert SHINGIRO :
Discours de Son Excellence Monsieur l’Ambassadeur Albert SHINGIRO, lors de Réunion de la Configuration Burundi de la Commission de Consolidation de la paix du 29 avril 2015 à New York
Monsieur le Président et cher collègue,
Je voudrais d’entrée de jeu vous remercier vous personnellement pour avoir convoqué cette importante réunion qui arrive à point nommé au moment où la fièvre électorale dans mon pays ne cesse de monter au fur et en mesure que l’on s’approche de la date des élections de 2015.
Permettez-moi également de saluer la présence parmi nous de son Excellence Monsieur Edouard NDUWIMANA, Ministre de l’intérieur qui s’exprime depuis Bujumbura et de le remercier en même pour son briefing fort enrichissant et actualisé.
Je voudrais également remercier tous les membres de la configuration-Burundi ici présents pour leurs appuis au processus de consolidation de la paix depuis que mon pays est sur l’agenda de la commission en 2006.
Monsieur le Président,
Comme vous le savez, à la suite de la désignation par le Congrès Extraordinaire du Parti CNDD-FDD de Son Excellence Monsieur Pierre NKURUNZIZA, Président de la République, comme candidat aux élections présidentielles du 26 juin 2015, certains leaders des partis politiques de l’opposition radicale ont appelé à des manifestations de rue sous forme d’insurrection organisée contre cette candidature annoncée sans même pas attendre sa validation ou invalidation par la Cour Constitutionnelle et sa recevabilité par la CENI. L’on se demande alors pourquoi les organisateurs de cette insurrection n’ont pas attendu de faire recours à la cour constitutionnelle ou attendre la recevabilité de cette candidature par la CENI? Tout le monde dans la salle peut se poser cette question.
Monsieur le Président,
Alors que le Gouvernement s’attendait à des manifestations tout au moins pacifiques, c’est avec grande surprise que nous avons constaté sur le terrain qu’il s’agissait plutôt d’un appel à la révolte populaire lancé par un groupe de politiciens opposants radicaux, ceux-là même qui ont boycotté les élections de 2010. Tout cela par le biais de certaines radios privées qui assuraient la retransmission en direct comme si c’était un match de football dans le but d’y attirer le plus de monde possible pour agrandir la masse humaine de l’insurrection.
A l’analyse des faits, l’on constate que les manifestants, dont certains apparaissent comme manipulés et drogués, entrent carrément en confrontation directe avec les forces de l’ordre, brulent des pneus, lancent des pierres, des grenades par endroits ; font des barricades pour empêcher la circulation, certains font même usage des armes à feu par occasion. Ce qui nous pousse à conclure qu’il s’agit bel et bien d’un mouvement insurrectionnel planifié qui nous rappelle les horreurs de triste mémoire des années 93, après le coup d’Etat sanglant qui avait couté la vie au premier Président démocratiquement élu, Melchior Ndadaye.
Concernant la gestion de cette situation, le Gouvernement a déployé les éléments de la Police Nationale du BURUNDI sur les lieux de rassemblement de ces insurgés, afin de gérer les événements et empêcher qu’il y ait des dérapages pouvant conduire à des dégâts matériels ou à des pertes en vies humaines. Les instructions données aux Corps de Défense et de Sécurité sont claires : leurs interventions doivent se faire avec intelligence, professionnalisme et un sens élevé de la retenue. Les droits de ces gens qui ont envahi les rues sont respectés, autant que faire se peut, mais nous leur demandons de se garder de provoquer les Corps de Défense et de Sécurité.
Toujours sur l’aspect management de la situation actuelle, je tiens à vous informer que le gouvernement du Burundi vient de mettre en place une commission ad hoc de crise qui va proposer toutes les mesures permettant de ramener la paix et la sérénité dans les quatre quartiers où se déroule l’insurrection afin de permettre le démarrage des campagnes pour les élections communales et législatives dans un climat apaisé.
Aussi, le Procureur Général de la République vient de mettre sur pied une commission chargée de faire la lumière sur le mouvement insurrectionnel déclenchée ce dimanche le 26 avril 2015. La Commission a un mois pour donner son rapport.
Monsieur le Président,
Au lieu d’attendre que les organes nationaux compétents pour garantir le respect de la Constitution, les manifestants, signalés uniquement dans 4 communes de Bujumbura considérées comme ayant une certaine audience du parti MSD d’Alexis SINDUHIJE sur les 119 communes du pays, ont préféré une confrontation violente avec les forces de l’ordre en lançant des pierres, en faisant des barricades, en empêchant les enfants d’aller à l’école et en faisant de ces derniers des boucliers humains tout comme les personnes handicapées par endroits.
Nous condamnons sans réserves cette stratégie des manifestants et leurs leaders de faire des enfants des boucliers humains et d’empêcher ces derniers de prendre le chemin du lieu savoir. Cette situation est tout simplement inacceptable et doit cesser immédiatement.
Monsieur Président,
Le débat en cours sur l’interprétation de la Constitution aux articles 96 et 302 sur les mandats comme vous le savez s’amplifie au jour le jour. Ici, chaque côté politique interprète ces deux articles de sa manière, tire la ficelle vers lui et cela crée un intense débat à seulement un mois des élections générales projetées au 26 mai 2015. C’est ce même débat qui est à l’origine de ce mouvement insurrectionnel en cours dans les 4 communes de la ville de Bujumbura que sont Musaga, Ngagara, Cibitoke et Mutakura.
Face à ce débat contradictoire, Monsieur le Président, comme j’ai eu à le mentionner lors de notre dernière réunion, nous restons convaincus que seul un organe compétent pour interpréter la constitution peut trancher et départager les deux tendances qui s’affrontent en ce moment précis. Au lieu de prendre le chemin sans issue de la rue ou de recourir à la violence pour des réclamations d’ordre politique ou social, toutes les parties devront plutôt s’incliner devant le prochain arrêt de cour constitutionnelle qui est déjà saisie de la question.
Les soulèvements populaires n’ont pas de raison d’être surtout en ce moment où le Sénat vient de saisir officiellement la Cour Constitutionnelle sur la validation de l’actuelle candidature du Président NKURUNZIZA conformément à l’article 230.
Monsieur le Président,
Après trois jours d’insurrection dans les 4 communes de Bujumbura, nous constatons ce qui suit :
Les manifestations sont organisées par les partis politiques de l’opposition radicale qui ont boycotté les élections de 2010
Les manifestations violentes lancées par ce groupe de partis sont localisées uniquement dans quatre quartiers de la capitale où l’on trouve plus de jeunes des partis du MSD d’ Alexis SINDUHIJE. Ceux-là même qui ont organisé d’autres manifestations violentes le 8 mars 2013 sous l’impulsion du président du Parti MSD.
Sachant bien que cette fois ci la communauté internationale les appellent à éviter tout boycott et de faire partie du jeu démocratique, ces partis ont changé de tactique
La tactique vise à faire semblant d’accepter de poursuivre toutes les étapes du processus électoral pour répondre à l’appel de la communauté internationale, mais tout en jouant le tout pour le tout, avec la volonté manifeste de créer un chaos du point de vue sécuritaire pour torpiller le processus électoral. Le but ultime recherché étant de remettre tout à zéro pour décrocher un gouvernement de transition exonéré des élections avec l’espoir de faire partie de ce Gouvernement sans passer par les urnes. N’ayant pas d’assise populaire dans le Burundi profond constitué de 90% de votants, la voie des urnes est pour eux une voie sans issue et préfèrent ainsi de recourir aux moyens anticonstitutionnels pour accéder au pouvoir. C’est inacceptable ! Les élections n’ont d’autres alternatives.
La question du mandat n’est qu’un fallacieux prétexte et qu’en réalité, l’opposition radicale ne visait que le retour d’un gouvernement de transition.
Sur l’importance de la dimension régionale, comme vous le savez Monsieur le Président, l’importance de la dimension régionale en matière de consolidation de la paix n’est plus à démontrer, et tous les membres ici y attachent un très grand intérêt. A cet égard, j’invite nos partenaires hors continent de considérer sérieusement les positions de l’Union Africaine et d’autres organisations régionale et sous régionales dans leurs approches sur le processus électoral en cours au Burundi.
Hier à Addis-Abeba en Ethiopie, le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine (UA), a adopté la décision sur les derniers développements au Burundi.Le Conseil prend entre autres note de la saisine du Conseil constitutionnel par le Sénat burundais pour l’interprétation de la Constitution du Burundi en ce qui concerne la recevabilité de la candidature de S.E. le Président Pierre Nkurunziza pour réélection.
Le Conseil demande aux parties prenantes burundaises de respecter la décision que prendra la Cour constitutionnelle
Aussi le Conseil se félicite de l’intention de la Présidente de la Commission de dépêcher, dans les plus brefs délais, une mission de haut niveau au Burundi, pour encourager le dialogue et identifier d’autres mesures pratiques de nature à aider à désamorcer la tension actuelle et à contribuer à la création de conditions propices à la tenue réussie des élections.
Avant de conclure mon propos Monsieur le Président, je tiens à rappeler avec insistance que le respect des lois en vigueur et des mécanismes légaux pour toute revendication à caractère politique n’est pas négociable et ceux qui contreviennent aux lois vont en répondre devant les juridictions compétentes.
Par sa part, le gouvernement s’engage à poursuivre le dialogue avec toutes les parties impliquées dans le processus électoral afin de préserver un climat favorable aux élections.
Je Vous remercie Monsieur le Président
DAM, NY, AGNEWS, le jeudi 30 avril 2015