La justice burundaise est engagée dans une bataille de procédures dans l'Affaire Hassan Ruvakuki. Or le débat de fond intéresse plus que jamais le Burundi dans son entièreté. Un journaliste de RFI (Radio France Internationale) et BONESHA (Radio locale, proche des partisans de l'ancienne dictature militaire burundaise féroce des Bahima burundais -Buyoya/Bagaza/Micombero- qui a fait près de 4,5 millions de victimes Bahutu Barundi -comprenant les Baganwa et les Batutsi- en 40 ans de pouvoir) a été arrêté entrain de faire la propagande d'une "rébellion naissante" soit disant sur le territoire du Burundi. En réalité ,il s'agissait d'images prises de Tanzanie. Quelques jours avant, une journaliste de France 24 présentait elle aussi une autre rébellion naissante au Burundi mais avec assise en RDC. Au côté d'un munyamulenge rwandais, la journaliste a fait croire à l'opinion internationale qu'il s'agissait d'un rebelle burundais. La question de fond du dossier Ruvakuki est celui des medias. Pourquoi participent-ils à – une campagne voulant mettre en place une rébellion au Burundi – ? Car il s'agit, dès lors,clairement d'une atteinte à la sécurité nationale des Barundi.
L'affaire Hassan Ruvakuki – Le journaliste M. Hassan RUVAKUKI (Bonesha / RFI – Radio France Internationale) a comparu le 29 décembre 2011 devant le Tribunal de Grande Instance de CANKUZO en compagnie de 23 autres personnes accusés de terrorisme sur le territoire du Burundi. Les 23 personnes qui ont comparu étaient constitués de deux groupes à savoir le groupe qui a attaqué la commune KIGAMBA en date du 20 novembre 2011 et le groupe qui a attaqué la commune MISHIHA en date du 21 novembre 2011. Bref,il s'agit de gens qui sont passés à l'acte, terrorisant une population. Un peu comme les rebelles syriens que France 24 montrent tous les jours à la Télé, combattant avec bravoure le pouvoir -méchant- de Bachar Al Assad.
Pas content du Tribunal de Cankuzo, les avocats de la défense ont demandé pour aller au Tribunal de Gitega. Avant hier,lors d’une conférence de presse les avocats dans l’affaire Hassan Ruvakuki ont demandé, une décision judiciaire du jugement rendu par la Cour d’Appel de Gitega écrite et notifiée aux intéressés… L'affaire traîne et traîne mais pourquoi ?
Il importe ici de ne pas se tromper lorsque l'on va prononcer la sentence. Certes, les jeunes rebelles et le journaliste doivent être condamnés pour leurs actes. Mais il faudra aller au delà de ces condamnations. La Cour devra exiger les noms des gens qui ont demandé à RFI et Bonesha de couvrir — cette campagne de promotion de cette -nouvelle rébellion naissante–.
Aux USA, on se souvient après le 11 septembre 2001, la campagne de certains médias américains anti-arabes / musulmans qui avait poussé certains citoyens américains à passer à l'acte en vue d'en découdre avec les citoyens américains d'origine arabes ou musulmans. De nombreux incidents avaient été dénoncés fermement par les organisations de défense des Droits de l'Homme.
En France, le matraquage médiatique, concernant le conflit entre les Palestiniens et les Israéliens, avait poussé des jeunes de banlieue à passer à l'acte pour défendre disaient-ils: l'injustice que vivait les Palestiniens. Certains jeunes de quartier s'en étaient pris à un jeune français d'origine juif. Il en était mort.
En France, toujours, en pleine période électorale, une -campagne médiatique-,qui avait porté sur la viande Halal (viande des musulmans) par l'extrême droite française, avait dévié sur la viande casher (viande des juifs). Un inconnu masqué a tué ces dernières semaines des français d'origine musulmane arabe(maghrébine) et il y a quelques jours,des citoyens français d'origine juive.
Dernièrement en Belgique, un jeune belge d'origine marocaine, qui apparemment regardait tous les jours les informations, où chaque jour les médias ne cessent de présenter les Bons contre les Mauvais en Syrie, est aussi passé à l'acte. Il a été mettre le feu à une mosquée chiites de Belgique (Assad -le leader Syrien- est de confession chiite musulman). Le feu a occasionné un mort parmi les fidèles de cette mosquée.
Maintenant au Burundi, le travail de certains média privés inquiète. Cela a commencé après les élections de 2010 (lire 1,2,3, 4,et 5 en bas). Aujourd'hui, il y a l' – affaire Hassan Ruvakuki -. Mais auparavant, il y avait l'affaire Gatumba II (5) où une quarantaine de citoyens barundi avaient trouvé la mort,assassiné par -une rébellion naissante- venu de RDC.
A chaque fois, qu'un journaliste ou un média est mis en cause, une alerte internationale est lancée par la corporation "globale ou mondiale" et des organisations des Droits de l'Homme … Et alors, on s'apitoie diplomatiquement contre le pays qui est mise en cause. Mais ce qui étonne toujours est que nullement on ne s'intéresse à l'accusation ! Le 4 ème pouvoir (les médias)-, au nom de la liberté d'expression, n'ait jamais mise en cause dans son nouveau rôle -mercantile- qu'il joue aujourd'hui dans ce monde qui est devenu -Global-. Si on regarde les cas cités plus haut, seuls les personnes accusés d'être coupables ont été mis en cause par la justice. Pourtant le vrai débat concerne cette dérive médiatique où certains médias acceptent de devenir "des -armes- et même arrivent à tuer".
Au Burundi, le paysage médiatique se compose ainsi: 4 chaînes de télévision dont 1 seule est publique; 2 radios publiques; 12 radios privées couvrent tout le territoire; et 3 radios communautaires couvrant une étendue restreinte, ainsi que 7 Agences de presse locale. On note que les médias privés sont plus nombreux,et par exemple avec un rapport 1 à 4 pour la télévision et 1 à 6 pour les radios. Sans compter que parmi les correspondants de Xinhua, PANA, AFP, Reuter,et BBC, aucun n'est -proche du Régime actuel en place – car la plupart ont été accrédité à leur fonction pendant la période de la Dictature. Ce déséquilibre est préjudiciable pour l'Etat du Burundi en cette période de mondialisation ou chaque information vaut son pesant d'Or …Comme le cas Simonet(France 24) ou l'affaire Hassan RUVAKUKI, Ils peuvent remettre en cause la propre sécurité du pays. Les cas que l'on vient de présenter dans cette article montrent que le 4 ème pouvoir (surtout privé), suivant des logiques mercantiles de plus en plus, peut participer de manière massive à la déstabilisation d'un état (et surtout si il est petit comme celui du Burundi). Il devient impératif pour les parlementaires barundi de faire sienne cette question de nature hautement sécuritaire. Il en va de la sécurité du Burundi.
DAM, NY, AGnews, le 21 mars 2012.
(1) Burundi/ Sécurité : Des morts victimes d’une guerre médiatique. [ http://www.burundi-agnews.org/index.php/politique/articles/securite/1341-burundi-securite-des-morts-victimes-dune-guerre-mediatique ]
(2)Burundi : Faits médiatiques depuis mai 2010 (scrutins démocratiques 2010) [ http://www.burundi-agnews.org/index.php/societe/histoire/histoire-du-burundi/1649-burundi-faits-mediatiques-depuis-mai-2010-scrutins-democratiques-2010 ]
(3) Burundi: Le fond d’aide aux médias se fait attendre. [ http://www.burundi-agnews.org/index.php/societe/sport/1648-burundi-le-fond-daide-aux-medias-se-fait-attendre ]
(4) Burundi: Une rébellion virtuelle terrorise. [ http://www.burundi-agnews.org/index.php/politique/articles/securite/1727-burundi-une-rebellion-virtuelle-terrorise2 ]
(5) Burundi: Clés pour comprendre l'affaire Gatumba. [ http://www.burundi-agnews.org/index.php/societe/sport/1798-burundi-cles-pour-comprendre-laffaire-gatumba ]