L’idée de Feu MANDELA, avec l’ACCORD D’ARUSHA, était d’abolir les effets de l’APARTHEID que les BARUNDI (dit HUTU) avaient subi sous la DICTATURE DES BAHIMA BURUNDAIS… Il y tenait à cœur, lui, qui avait subi l’APARTHEID en Afrique du SUD. Alors aujourd’hui, en 2015, est ce que les BARUNDI (dit HUTU) sont encore DISCRIMINES ?
A Bujumbura, ce lundi 30 mars 2015, AGnews s’est entretenu avec un intellectuel parmi les Barundi, M. Basabose Pierre (juriste de formation, un ancien de l’Université du Burundi) et nous lui avons demandé de nous expliquer pourquoi ces derniers jours l’on parle beaucoup de l’Accord d’Arusha de 2000 [ http://burundi-agnews.org/wp-content/uploads/2013/11/Accord_Arusha_burundi_2000.pdf ].
Selon M. Basabose Pierre : “C’est simplement parce que le FRODEBU, l’UPRONA et les dizaines de petits partis, sans réels existences politiques sur le terrain, veulent revenir au pouvoir mais sur la 1ère scène et surtout “bouffer” sérieusement ! Le président Nkurunziza Pierre et le CNDD-FDD ont bossé ces dernières années sérieusement. Au moment de récolter les fruits, les Bouffeurs se réveillent ! C’est l’appel du ventre à quelques semaines des élections … “
M. Basabose Pierre : “Il faut revenir sur l’Histoire de l’Accord d’Arusha de 2000. Cet engagement politique se fait en 2000, sous les auspices de Feu Mze Nelson MANDELA , pendant la guerre civile burundaise [ http://burundi-agnews.org/guerre_civile_burundaise_1993_2003.htm ] , non pas entre les belligérants sur le terrain, mais bien entre des politiciens -qui voulaient tous simplement bouffer ( ils voulaient leur per diem ). Ces derniers n’avaient pas fait la guerre civile burundaise ou verser leur sang, face à l’adversaire, pour défendre le retour de la Constitution 1992 [ http://burundi-agnews.org/wp-content/uploads/2013/11/constitution1992auBurundi.pdf ], c’est à dire la Démocratie burundaise. Avec intelligence, les organisateurs de cet Accord, à Arusha, avaient toutefois pensé à incorporer certains leaders des seuls mouvements politiques réellement belligérante sur le terrain ( CNDD-FDD et FNL-PALIPEHUTU), mais qui avaient été chassés de leur organisation. Ceux-ci se retrouvaient à Arusha sans aucune force de négociations … Il y a un livre intéressant qui évoque tous ces palabres d’Arusha écrit par l’intellectuel burundais M.Jean-Marie SINDAYIGAYA : – Burundi : La Saga d’ Arusha (de la Conférence Nationale Manquée aux Accords d’Arusha) – paru aux Editions ARIB Janvier 2002 [ http://www.burundi-agnews.org/agnews_invite_5.htm]. Bref, ce qu’il faut retenir pour moi qui suis juriste, l’Accord d’Arusha n’était qu’un accord politique qui ne pouvait que s’inscrire au niveau des institutions burundaises, que dans le cadre de la Constitution de 1992 qui demeuraient, malgré le Coup d’Etat de 1996 par le dictateur M. le Major Pierre BUYOYA. La Constitution de 1992 demeurait la seule référence légale au niveau de l’ETAT DU BURUNDI [ http://burundi-agnews.org/justice/?p=16685 ]. Cet Accord politique d’Arusha avait comme force de reconnaître que les Barundi ( dit Bahutu ) avaient été discriminé ethniquement par les Batutsi (en réalité les BAHIMA burundais ). Pratiquement un partage de pouvoir sous forme de QUOTA ETHNIQUE 50% HUTU (population Barundi représentant 90% des Burundais )et 50% TUTSI ( représentant 9% des Burundais ) fut proposé. Cela était le message qui tenait à cœur à Feu Mze Mandela. Les noirs SUD AFRICAIN avaient vécu l’APARTHEID ( lire le livre intéressant du philosophe burundais M. Bidadanure Nestor intitulé – N’éteignez pas la lumière http://burundi-agnews.org/sports-and-games/?p=14890 ) et le vieux Nelson MANDELA avait découvert au BURUNDI un pays de NOIRS où DES NOIRS VIVAIENT UN APARTHEID CAUSE PAR DES NOIRS ( “During an earlier round of talks Mr Mandela angered the Tutsi political establishment in Burundi by comparing Tutsi domination to South African apartheid“). Les 2 Régimes – la DICTATURE BURUNDAISE et l’AFRIQUE DU SUD DES BLANCS avaient en commun l’application des pratiques discriminatoires institutionnalisés qui étaient la continuité idéologique et logique des Lois racistes que l’on a connu sous la colonisation de l’AFRIQUE ( inspirées de la fausse théorie antropologique du plurigénisme ). Feu MANDELA avait dénoncé LES CAMPS DE CONCENTRATIONS AU BURUNDI où les BAHIMA burundais (dit TUTSI) parquaient des centaines de milliers de BARUNDI (dit HUTU) voués à une mort certaine [ http://Burundi-agnews.org/ccburundi.htm ]. Feu Mze MANDELA avait obligé le DICTATEUR BUYOYA à cesser CE CRIME DE GUERRE et DE GENOCIDE“.
M. Basabose Pierre, poursuit : “A cette époque, l’Accord d’Arusha était donc qu’ un accord politique dont la référence légale institutionnelle ne pouvait être que la Constitution burundaise de 1992. Sinon il n’avait pas de statut légal au Burundi. Toutefois, cet Accord d’Arusha entrera en vigueur le 1er novembre 2001. Il prévoyait une période de transition de 3 ans avec pour les 18 premiers mois, le Dictateur major Pierre BUYOYA (UPRONA) à la présidence et puis M.Domitien NDAYIZEYE (FRODEBU, en référence à la Constitution de 1992 car le FRODEBU avait gagné les 1ères élections démocratiques au Burundi en 1993 ) au poste de vice-président avant que les rôles ne soient échangés. Contrairement à ce que disent les média et certains politiciens étrangers en particuliers occidentaux, – la Paix et la Sécurité – au Burundi on ne la doit qu’au CNDD-FDD (et peut être au FNL-PALIPEHUTU ) qui ont fait la guerre et qui ont réussi à imposer -un rapport de force militaire – à l’armée burundaise – FAB Forces Armées Burundaises -du Dictateur Hima Burundais, Major BUYOYA Pierre, afin qu’elle dépose les armes. C’est le fameux Accord de Cessez le feu de novembre 2003 [ http://burundi-agnews.org/wp-content/uploads/2009/11/Accord_global_de_cessez-le-feu_16.11.11.pdf ] . C’est seulement cet Accord Global de cessez le FEU qui a mis fin à la Guerre civile au Burundi. Ce n’est pas l’Accord politique d’Arusha. Le message est très important. Ce n’est pas l’ACCORD D’ARUSHA DE 2000 qui a apporté la paix et la sécurité au Burundi mais bien l’ACCORD GLOBAL DE CESSEZ LE FEU DE 2003 “.
M. Basabose reprend : “Cet Accord global de cessez le feu de novembre 2003 avait accepté d’inclure la dynamique politique de l’Accord d’Arusha de 2000. Surtout pour la reconnaissance de l’APARTHEID ou DISCRIMINATION qu’avaient vécu les BARUNDI (dit BAHUTU ) sous la DICTATURE DES BAHIMA BURUNDAIS (MICOMBERO, BAGAZA, BUYOYA). Ainsi le partage du pouvoir, sous l’angle de résoudre cette question de discrimination ( ou apartheid) ethnique qu’avaient vécu les BARUNDI (dit HUTU) face aux BAHIMA ( dit TUTSI), repris par l’ACCORD D’ARUSHA de Feu MANDELA, avait séduit politiquement le CNDD-FDD… La CONSTITUTION DE 2005 [ http://burundi-agnews.org/wp-content/uploads/2013/03/constitution-du-burundi-1803051.pdf ] , avant les 1ère élections du retour de la Démocratie au Burundi , reprendra à son compte cet esprit de l’Accord d’Arusha, qui pour être fonctionnel et concret, avait prévu des QUOTA ETHNIQUE pour rééquilibrer les DISCRIMINATIONS ETHNIQUES que les BARUNDI ( dit BAHUTU) avaient subi sous la féroce DICTATURE des BAHIMA BURUNDAIS qui avaient fait plus de 4,5 MILLIONS DE VICTIMES BARUNDI (BAHUTU) en 40 ans de pouvoir ( http://burundi-agnews.org/genocide.htm ). Ces quotas ethniques de l’Accord d’Arusha ( devenus 60% /40%, côté politique et 50%/50%, coté militaire et police, avec les négociations politiques menées par le CNDD-FDD ) s’étaient formulés dans la CONSTITUTION BURUNDAISE comme des mesures de DISCRIMINATION POSITIVE. L’idée étant que ces quota ne s’éterniseraient pas non plus avec la peur de récréer des frustrations ethniques plus tard…”
M. Basabose termine : “En 2015, soit 15 ans après l’ACCORD D’ARUSHA, le problème est que toutes ces mesures de DISCRIMINATION POSITIVE temporaire, inscrites dans la CONSTITUTION, chères à Feu MANDELA , n’ont pas été appliquées (ou du moins sous appliquées) dans la société burundaise. Au niveau de l’ETAT du BURUNDI, on se trouve avec une REDISTRIBUTION INJUSTE DES RICHESSES ET DES REVENUS avec des proportions 25% HUTU (BARUNDI) et 75% TUTSI(BAHIMA) au lieu des 60% HUTU et 40% TUTSI exigés par la Constitution Burundaise de 2005 en référence à l’Accords d’Arusha. Au niveau militaire et policier, c’est du 40% HUTU et 60% TUTSI. Cela signifie que le SYSTEME INSTITUTIONEL BURUNDAIS CONTINUE A DISCRIMINER LES BARUNDI (HUTU). C’est FEU MZE MANDELA qui SE RETOURNE DANS SA TOMBE. Le PARADOXE est que ce sont les BAHIMA burundais ( avec leur société civile, leur média, et leur – église catholique – ) et la Communauté internationale (France, Belgique et USA ) qui, aujourd’hui, dans le débat sur le Mandat Présidentiel demande à l’ETAT du BURUNDI de respecter l’Accord d’Arusha de 2000. Mais lorsque l’ETAT du BURUNDI essaie de respecter l’Accord d’Arusha concernant les discriminations ethniques autour de la REDISTRIBUTION INJUSTE DES RICHESSES ET DES REVENUS du pays, ce sont ces mêmes acteurs qui crient HARO qu’il faut accepter des exceptions sinon on vous coupe les aides ! [ http://www.onewovision.com/actu-rdc/Burundi-l-Uprona-veut-du-consociationalisme-sans-son-application,i-20140411-94e7 et http://www.burundibwiza.com/index.php/en/actualite/nationale/8-actualite/614-des-professeurs-d-universite-contre-les-quota-ethniques-institutionalises ]. Comme on le perçoit cette inégalité de redistribution à des conséquences sur l’économie du pays. Cette injustice institutionnelle et socio-économique [ http://burundi-agnews.org/uncategorized/?p=16949 ] est un point très dangereux pour l’ Avenir du Burundi et surtout elle a un coût, en termes de finance, exorbitant pour le Burundi “.
Enfin pour ce juriste Burundais : “Depuis 15 ans, le Burundi vit – un effet PLACEBO – vis à vis de l’Accord d’Arusha de 2000, car cet Accord n’a pas été appliqué (en tous cas que très partiellement). C’est à dire tout le monde se dit que l’on a appliqué l’Accord d’Arusha de 2000 et qu’il nous a donné la Paix et la Sécurité. Tout le monde croit à cela (ou l’on oblige tout le monde à y croire), alors qu’en réalité, il n’a pas été appliqué et que seul, l’Accord Global de cessez le Feu a été appliqué. Avec l’Affaire du 3ème mandat présidentiel, c’est à ces mêmes Barundi ( dit HUTU) -aujourd’hui encore discriminés- que la Communauté Internationale et les Bahima burundais veulent priver de leur droit de voter directement et sans intermédiaire leur Président une 2ème fois ! “
DAM, NY, AGNEWS, le lundi 30 mars 2015