M. Stéphane De Loeker, chef d’une délégation de l’Union Européenne(UE), vient d’accuser le Burundi de disposer d’une justice qui ne serait pas indépendante… Beaucoup de citoyens barundi se demandent pourquoi ce dernier persiste à soutenir les opposants de l’ADC Ikibiri, perdants officiels des élections de 2010 au Burundi supervisées entre autre par l’UE, qui ont décidé de prendre les armes comme l’indique un rapport récent d’experts indépendants des Nations Unis… Des observateurs trouvent l’approche de l’UE un peu trop pyromane et manquant de fermeté …
M. De Loecker trouve que les cas jugés comme ceux du massacre de Gatumba, les assassinats de Kiremba, ou encore le dossier Manirumva, sont emblématiques pour affirmer que la justice burundaise n’est pas indépendante : « Toutes les pistes n’ont pas été explorées dans ces dossiers et tout ce que nous demandons est qu’on fasse un travail judiciaire correct : explorer toutes les pistes et arriver à une conclusion. ».
Pour bien comprendre pour ceux qui n’ont pas suivi ces affaires :
– le massacre de Gatumba, qui a eu lieu en septembre 2011, concerne des membres de l’ADC Ikibiri qui ont pris les armes au Burundi et ont été massacré gratuitement des citoyens paisibles barundi. La justice burundaise a écouté les responsables du massacres entourés des meilleurs avocats burundais (payés par des ONG’s pilotées par les enfants de l’ex-dictature burundaise) dans un procès publique. Ces derniers, comme défense, ont pris la piste d’accuser les policiers qui les ont arrêté (C’est à dire le nouveau Régime démocratique). La justice burundaise n’a pas voulu rentrer dans ce jeu macabre et sordide après avoirs écouté la défense. M. Stéphane De Loeker, comme l’ADC Ikibiri, propose lui qu’on mette à la barre les policiers … ;
– le cas de l’assassinat de Kiremba. Des citoyens italiens ont été tués en octobre 2011, par des jeunes bandits burundais qui souhaitaient leur prendre leurs biens. Ces derniers ont été appréhendés, jugés et condamnés à la récusions à perpétuité. M. Stéphane De Loeker, comme l’ADC Ikibiri, propose que l’on reprenne ce procès et que l’on aille plus loin jusqu’à découvrir … ;
-Et le dossier Manirumva. Il s’agit d’un activiste d’une ONG anti-corruption. Il est mort assassiné suite à une intrigue typiquement burundaise. Deux pistes: – Soit il a été tué par des membres proches de l’ONG pour des raisons d’argent ou de leadership (car jugé trop proche du pouvoir contrairement au Président de l’ONG); – Soit il a été tué par des gens qu’il allait accusé de corrompus. Le dossier se poursuit. Voici ce que qu’en dit l’Ambassadrice des USA au Burundi, Mme Pamela Slutz, interviewée par des journalistes d’ -iwacu-burundi.org- : “Je voudrais m’exprimer et corriger certaines allégations telles qu’entendues dans les média et impliquant certains responsables du SNR … Le FBI a été invité par le président Pierre Nkurunziza en 2009 pour participer dans l’enquête sur ce meurtre. Le FBI a envoyé plusieurs agents au Burundi d’avril 2009 à avril 2010. Ils ont conduit des enquêtes conjointement avec la police burundaise et ont étroitement collaboré avec le procureur chargé de cette affaire. Il y avait trois commissions spéciales en 2010. Les agents du FBI ont demandé au parquet de se saisir du dossier. Le FBI a aussi reçu la déposition d’un autre témoin en 2011. Le Procureur Général de la République a requis du Gouvernement Américain qu’il facilite une interview (face à face) de M. Havyarimana, témoin du FBI, par les magistrats burundais. Le gouvernement américain est prêt, en principe, pour faciliter cette interview. Je l’ai signifié au Procureur Général de la République au mois de décembre 2011 et je lui ai demandé de faire cette requête dans une forme « commission rogatoire » adressée au Département Américain de Justice. Nous attendons qu’il le fasse pour avancer dans ce dossier.”
Le ministre burundais des Relations extérieures, M. Laurent Kavakure, a réagit en rappelant à M. De Loecker que le Burundi vient de loin. Et que le pays a beaucoup souffert de la crise, sous toutes ses formes. M. Laurent Kavakure a insisté vis à vis du diplomate qu’il n’oublie pas lorsqu’il analyse la situation burundaise de savoir d’où vient le pays …
Selon un politologue burundais,qui souhaite recourir à l’anonymat, le Ministre Kavakure a raison : ” Le régime dictatorial des Bahima burundais (Micombero, Bagaza, et Buyoya) ont fait en plus de 40 ans de pouvoir près de 4.5 millions de victimes Barundi parmi les Bahutu (dont les Batutsi et les Baganwa compris). Ce n’est qu’en 2005,que les Bahutu Barundi sont à nouveau au pouvoir après avoir gagné, en donnant leur sang et sans aide extérieur, leur liberté suite à une guerre civile qui a duré dix ans (1993-2003). Au lieu de juger simplement les responsables de ce véritable génocide(1), la communauté internationale (appuyée surtout par la France et la Belgique) pousse les Barundi vers une justice transitionnelle (c’est à dire une Commission Nationale Vérité Réconciliation -CNVR- pour se pardonner et tout oublier etc. ). Ce qui crée une frustration généralisée chez les victimes barundi ! “.
Le politologue poursuit: ” M.Stéphane De Loeker ne commet que gaffes sur gaffes ! Il ne fait qu’envoyer des signaux négatifs chaque fois qu’il prend la parole au Burundi. Il oublie qu’il a à faire à une société intrigante où l’on ne dit jamais directement ce que l’on pense. C’est une société issue d’un ex-Royaume millénaire africain disparu en 1966 à cause d’un jeu cynique géostratégique occidentale qui a installé le dictateur hima Micombero … Finalement M. Stéphane De Loeker ne comprend pas grand chose aux Barundi ! A moins qu’il ne dit pas tout ! “.
“A quelques mois des 50 ans de l’indépendance du Burundi, M. De Loecker pense que la justice burundaise dont une grande partie des hauts magistrats a été formé en occident ne maîtrisent pas leur dossier ! En donneur de leçon, il souhaite que les Barundi se fassent juger comme lui l’entend. Or l’avantage de ces Hauts magistrats est que eux maîtrisent leur dossier techniquement et les intrigues propres aux Barundi…”, ajoute le politologue. “Mais je pense que ce monsieur ne dit pas tout aux Barundi ! ” ,termine le politologue burundais.
L’expert congolais de relation internationale, M. Amani Mokassa, parle d’une “Attitude pyromane de l’UE ?”. Pour lui , M. De Loecker ne maîtrise pas sa chose … Il ignore les intrigues burundaises mais aussi régionales. Moi je suis congolais je dis les choses directement mais à mon avis, connaissant les Barundi, ce monsieur a perdu leur respect depuis longtemps. Que ce soit ceux du coté de l’ADC Ikibiri ou du gouvernement ! Il devrait prendre conseil chez des hommes comme M.Louis Michel. Car, en tant que diplomate en adoptant un comportement qui encourage les perdants non fair-play des élections burundaises de 2010 (ADC Ikibiri) qui recourent à la violence et à des actes de nature terroriste dans la région (Voir rapport des experts de l’ONU). Ce n’est pas très judicieux ! Oui, il envoie des signaux curieux”.
M. Amani Mokassa termine : “Au lieu de venir en donneur de leçon aux Barundi, comme le ferait un ancien colonisateur, il ferait mieux d’expliquer les difficultés que rencontrent l’Europe en cette période … Cela suffirait car les Barundi comprendraient ! M. De Loecker devrait être ferme contre les gens de l’ADC Ikibiri qu’ils acceptent leur défaite comme le font les diplomates américains ou suisses et autres “.
Finalement M. De Loecker a confirmé la poursuite du soutien financier de l’UE au Burundi qui varient annuellement entre 80 à 100 millions d’euros, soit près d’1/10 du budget national. L’UE est encouragée, entre autre, par les actions fortes de lutte contre la corruption -tolérance zéro- qui sont entrepris en ce moment par le Burundi.
(1) Le Génocide du Burundi : http://www.burundi-agnews.org/genocide.htm
DAM, NY, AGnews, le 20 février 2011.