A Bujumbura, ce mardi 28 juillet 2015, M. Nubwacu Yves-Lionel, un observateur politique sur la toile de l’internet et des Réseaux sociaux, a voulu donner son avis sur la question des observateurs internationaux qui viennent de suivre les scrutins électoraux pacifiques et démocratiques ( plus de 70% de taux de participation ) du lundi 29 juin 2015 et du mardi 21 juillet 2015.
Tout le monde est d’accord pour dire que ces élections ont eu lieu dans un calme paisible les 2 jours des élections. Mais, pourtant on entend ici et là dire dans les rapports d’observations que ce n’était pas le cas…
M. Nubwacu Yves-Lionel revient sur ce paradoxe, voici de qu’il pense :
– La tourmente démocratique dans laquelle l’occident nous a entraîné avec son lot d’élections a créé un nouveau système néocolonialiste, certes hyper discret et efficace, mais aux mêmes effets que la fameuse administration indirecte dont nous Burundais avons tant soufferts il y a de cela quelques décennies, les blessures que cette dernière a laissé ne sont toujours pas cicatrisées. Cette idée ingénieuse et dévastatrice à la fois s’appelle l’observation électorale.
Bon nombre de pays africains, surtout anciens colonisés de l’Union Europe, ont eu à faire face à cet œil bien mal veillant de ceux qu’on appelle ‘’observateurs électoraux’’. Mais qui sont-ils et que font-ils ? Normalement ils sont sensés se contenter d’observer le processus électoral dans un pays donné, du début à la fin et faire un rapport. Ils ne doivent en aucun cas interférer d’une manière ou d’une autre, ils ne doivent surtout pas faire en sorte que leur travail puisse paraître comme ayant pu favoriser l’un ou l’autre des prétendants. Jusque-là tout est bien dans le meilleur des mondes. D’ailleurs ce travail a été souvent salué par les différents acteurs de la vie politique en Afrique.
Cependant depuis peu, surtout avec la lutte d’influence entre l’occident et l’ancien bloc communiste, ici je veux mentionné la Chine et la Russie, il s’observe que ces mission d’observation commence à être utilisées plus comme une arme politique en vue d’influer sur la composition de la classe dirigeante dans les pays où elles sont envoyées. On commence à observer certains abus liés à l’importance que ce genre de mission a pris dans la crédibilisation des processus électoraux dans les pays africains. Les exemples sont légions, contentons –nous du cas le plus récent, celui du Burundi.
Les soubresauts politiques qu’a connu ce pays ont commencé en 2010, juste après que l’opposition ait contesté les résultats du scrutin au niveau communale et décidait de boycotter la suite de l’ensemble du processus électoral. Depuis ce moment on a remarqué au sein de la mission d’observation électorale de l’UE un comportement ambigu. Elle a certes cautionné le résultat mais elle a en même temps encourageait l’opposition dans son attitude du rejet des autorités issues de ces élections. Cela s’est remarqué par certains appels au dialogue, qui n’avaient que pour objet de tout remettre à plat. L’évolution de la situation nous montrera que l’UE a pris fait et cause pour l’opposition qui pour elle aurait pu mieux représenter ses intérêts que le pouvoir qui suite à cette attitude a commencé à se tourner vers la Chine et la Russie.
Dans les quelques années qui ont suivis il devenait de plus en plus clair que l’UE avait l’intention non seulement d’influer sur le processus électoral dans sa phase avant-élections mais aussi, se garantir de la présence dans les institutions des hommes a sa botte. Ceci est illustré par le soutien actif et les encouragements dont ont bénéficié les personnalités à l’ origine de la fronde au sein du CNDD-FDD. Il est donc tout à fait logique que la mission d’observation électorale qui devrait être mise en place devrait avoir à cœur d’œuvrer pour cet objectif. Ainsi avons-nous pu observer un certains nombres de comportements qui accréditaient cette hypothèse. Il y d’abord eu des tergiversations dans le processus d’envoi de cette mission. Les négociations avec le gouvernement furent des plus laborieuses à cause de l’envie qu’avait le camp occidental d’influer suffisamment sur le processus, allant jusqu’à vouloir le rôle normalement dévolu aux institutions de la République à savoir la CENI et la cours suprême. Tout ça pour renforcer le rôle de garant du processus. Parce qu’il faut comprendre que de simple observateur ces missions sont passées a de véritables garant des processus électoraux dans le monde entier. Ainsi donc si un régime n’est pas en phase avec leurs objectifs stratégiques, il aura beau organiser les élections qui respectent le mieux possibles les standards internationaux en la matière, ces élections ne seront jamais jugées crédibles. Les tentatives d’influer directement et de manière certaines ayant échoué, l’UE s’est désistée en reconduisant les observateurs qu’elle avait envoyé. Ainsi bien que n’ayant aucun observateur sur place l’UE se permet de juger une élection sur sa crédibilité. On comprend pourquoi les pays occidentaux n’ont jamais voulu soutenir le processus actuel.
La guerre d’influence que se livre l’occident et l’ancien bloc communiste explique tout ce micmac auquel s’adonnent les pays comme les USA, la Belgique, la France etc sur le Burundi avec l’appui de certains de nos voisins non content de notre démocratie plus vraie que la leur.
Le Burundi a été perturbée pendant la période électorale 2015 ( entre avril à mai 2015 ), suite à une tentative de changement de régime – Révolution de Couleur au Burundi – orchestrée par les USA, la France et la Belgique. Des dizaines de burundais sont morts pendant cette période et des dizaines de milliers de citoyens, pris de peur, ont du fuir se réfugier dans les pays limitrophes.
DAM, NY, AGNEWS, le mardi 28 juillet 2015