A Genève, mardi 22 mars 2016, M. Jean-Baptiste Baribonekeza, Président de la CNIDH – Commission Nationale Indépendante des Droits de l’Homme, a fustigé l’Union Européenne, les USA, la Belgique,l’Allemagne et les Pays-Bas qui ont suspendu leur coopération avec le Burundi, sans égard au droit d’être entendu par un juge indépendant et impartial, par rapport à ce qui s’est passé depuis avril 2015 au Burundi. Ces pays se sont basés sur ce que certains média ou des gens impliqués dans le conflit avec le régime de Bujumbura leur ont dit pour sanctionner et pénaliser les Barundi dans leur ensemble.
Voici la déclaration du Président de la CNIDH, M. Jean-Baptiste Baribonekeza, au Conseil des Droits de l’Homme, Genève, le mardi 22 mars 2016 :
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Excellence Monsieur le Vice-Président du Conseil,
Excellence Monsieur le Ministre des droits de la Personne Humaine, des Affaires Sociales et du Genre de la République du Burundi,
Excellences Mesdames et Messieurs,
Je voudrais d’abord remercier le Conseil pour cette occasion qui m’est offerte pour parler de la situation des droits de l’homme prévalant dans le pays.
Les violentes manifestations contre la candidature du Président Pierre Nkurunziza, pourtant entérinée par la Cour constitutionnelle,le coup d’Etat manqué du 13 mai 2015, ainsi que les actes de violence politique ultérieurs, ont eu des conséquences négatives sérieuses sur les droits de l’homme, avec au moins 381 personnes tuées, entre avril et décembre 2015. La société civile et les médias ont également été affectés.
La CNIDH note avec préoccupation les sanctions politiques, prises sans égard au droit d’être entendu par un juge indépendant et impartial, ainsi que les mesures de suspension de la coopération avec le Burundi, qui pénalisent la population burundaise.
Aujourd’hui, une relative accalmie est observée depuis le début de l’année. 333, soit 72% des personnes arrêtées dans le cadre des manifestations, viennent d’être libérées. Deux des 5 radios privées détruites au cours du coup d’état manqué ont été ré-ouvertes et le dialogue inter-burundais a déjà commencé.
La CNIDH se réjouit de tous ces progrès et recommande :
Au Gouvernement du Burundi
– Prendre des mesures adéquates visant à encadrer la jeunesse et à prévenir et réprimer le recrutement dans des activités de belligérance ;
– Poursuivre la réouverture progressive des médias privés fermés et revoir les mesures de restriction des activités de la société civile, le tout sans préjudice des responsabilités individuelles ou corporatives devant la justice;
– Doter le Ministère de la justice de moyens suffisants;
– Poursuivre résolument le dialogue politique et le désarmement des civils.
Au Ministère de la Justice
– Prendre des mesures de désengorgement des prisons et d’accélération des procès en cours;
– Poursuivre les enquêtes sur les évènements de 2015.
Aux partis et organisations politiques
– Eviter le recours à la violence ;
A la société civile
– Exercer leurs activités dans le respect de la loi et de leurs statuts respectifs, tout en restant politiquement neutres et indépendants ;
– S’abstenir de faire des déclarations incendiaires ou de mobiliser pour la violence.
A la communauté internationale
– Revoir les sanctions politiques et les mesures de suspension de la coopération;
– Encourager l’arrêt de la violence et la poursuite du dialogue politique.
Je vous remercie.
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Au Burundi, la CNIDH est une institution étatique indépendante créée par la loi n°1/04 du 5 janvier 2011 dont aucun organe ne peut lui donner des injonctions. Elle comprend 7 membres élues par l’Assemblée Nationale puis nommées par décret du président de la République pour un mandat de 4 ans, et tous les services de l’Etat lui accordent l’assistance dont elle a besoin.
DAM, NY, AGNEWS, le jeudi 31 mars 2016