Le Festival International du Cinéma et de l’audiovisuel du Burundi (FESTICAB) ou comment sortir du “Hamitisme” …
Du 7 au 14 juin 2013, à Bujumbura, M. Léonce Ngabo , chanteur et cinéaste Rundi, a essayé de mettre en avant le cinéma du Burundi, à travers la 5ème édition du Festival International du Cinéma et de l’audiovisuel du Burundi (FESTICAB).
Le FESTICAB, que préside l’artiste, M. Léonce Ngabo, met en concours plusieurs films présentés au public pendant une semaine au Burundi.
M. Léonce Ngabo est le réalisateur du premier film long métrage burundais réalisé en 1992 « Gito l’ingrat ».
Cette année 2013, un film a attiré l’attention « Intore , entre la danse et l’art de la guerre». Il s’agit d’un documentaire réalisé par deux jeunes réalisateurs burundais M. Aristide Muco et M. Aristide Katihabwa .
Le FESTICAB, qui termine ce vendredi, avait pour thème « le cinéma au service de la paix et du développement ». Il était prévu d’atteindre 20 000 visiteurs cinéphiles en 1 semaine. Le pari semble être presque atteint.
Le président du FESTICAB, M. Léonce NGABO, a adressé ses sincères remerciement à ses traditionnels sponsors : BRARUDI, le Club du LAC TANGANYIKA, et le Ministère de la Culture, Jeunesse et Sports.
Le cinéma burundais a débuté avec l’œuvre du cinéma colonial au Rwanda-Urundi qui tournait autour du “Hamitisme“. Il s’agissait de montrer l’existence dans l’Afrique d’une race de “négre blanc”. Les Colons allaient remplacer les notables ou la noblesse Rundi (les Batutsi), essentiellement composée par des familles (clans) proches de la Dynastie des Baganwa Barundi, par les Bahima burundais. Le colonisateur va anoblir les Bahima burundais pour en faire des Noirs à peau Blanche. Le Hima burundais devenait le Tutsi burundais, et l’ancienne noblesse (ou la classe des notables) était déclassée devenant Hutu (mot péjoratif en kirundi). Ce cinéma colonial avait pour ambition de présenter “au Monde civilisé” les réalisations de l’œuvre évangélisatrice et civilisatrice coloniale. Bref le bon “Blanc”avec son Noir civilisé “Tutsi”, et en face de lui, le nègre “Hutu”, perdu à jamais ou irrécupérable – “le Bantu” – par excellence …
Malheureusement ce type cinématographique a encore de l’influence jusqu’aujourd’hui lorsque l’on parle du Burundi ou du Rwanda. Par exemples, dans des cours métrages comme “NA WEWE” des Belges Ivan Goldschmidt et Jean-Luc Pening ; dans le « Martyrs de la fraternité Buta »; ou encore « Magume ou la mémoire des martyrs de Buta». Ces 3 films ( courts métrages ) ont en commun qu’ils parlent tous de la guerre civile burundaise et qu’ils présentent d’un côté les – bons – les Tutsi et de l’autre les mauvais -les Hutu- ( les méchants rebelles ou assaillants sans âmes, barbares et sans culture etc.)…
Comble de l’Histoire, depuis 2005, les -enfants de l’ancien Royaume Ingoma Y’uburundi – ( appelé péjorativement par les colons -Bahutu -) ont à nouveau les rennes du pouvoir au Burundi, au détriment des Bahima burundais ( baptisés -Batutsi- ou notables burundais par le Colon ) qui ont régné de 1966 à 2005 de manière féroce et sanglante. La Dictature des Bahima burundais -Micombero, Bagaza, Buyoya – a fait au Burundi plus de 4,5 Millions de victimes parmi les Bahutu Barundi dont les -Baganwa et -Batutsi non Hima – .
Le défi de l’artiste réalisateur militant, M. Léonce Ngabo, est de montrer que le cinéma Rundi existe et qu’il est tout autre (divers)… M. Léonce Ngabo donne la possibilité aux jeunes réalisateurs Barundi de présenter un film ou court métrage digne d’être africain et avec un réel ressenti de l'”âme”, et non d’entretenir ce “Hamitisme” au service de la géopolitique “coloniale” et non de l’Afrique ou du Burundi. D’où l’idée du FESTICAB, …
DAM, NY, AGNEWS, le 14 juin 2013