L’enquête sur l’assassinat du 1er Ministre Ngendadumwe Pierre n’a pas été menée jusqu’au bout. Des associations et des collectifs burundais, des victimes de la Dictature des Bahima ( Micombero, Bagaza, Buyoya ) , exigent qu’un devoir d’enquête soit mené autour des assassins, encore vivants, du Premier Ministre Feu Ngendadumwe Pierre, qui n’ont jamais été retrouvés, afin qu’ils soient arrêtés et enfin jugés …
A Bujumbura, des associations de la société civile burundaise envisagent de porter plaintes contre des anciens dignitaires burundais, qui étaient cités comme ayant été les assassins de feu l’ancien premier Ministre Ngendadumwe Pierre en 1965. Elles vont tenter, collectivement, d’intenter une action judiciaire contre les assassins qui avaient été cités dans le meurtre crapuleux de feu Pierre Ngendadumwe. Elles souhaiteraient que l’Etat reprenne l’enquête afin de trouver les assassins du Premier Ministre et qu’ils puissent être jugés.
Le 15 janvier 1965, un jeune réfugié rwandais ( du nom de Gonzalve Muyenzi) assassine le Premier ministre Feu Ngendadumwe Pierre (originaire de Muyinga) à la sortie de l’hôpital Rwagasore, à Bujumbura. Ce dernier venait d’y rendre visite à sa femme qui était en convalescence, en compagnie de son ami, Jean-Berchmans Butera (dit Jean Muhakwanke), fils de Mathieu Muhakwanke.
L’assassin avait tiré, alors que le Premier ministre entrait dans sa Peugeot 404 noire immatriculée 0001, et toutes les balles l’avaient atteint dans le dos… Il y avait quelques personnes témoins sur les lieux du crime dont 2 gardiens de la clinique et Jean-Berchmans Butera.
Voici ce que racontait son épouse, Mme Thérèse Ngendandumwe, petite fille du grand chef Coya, aux confrères d’ iwacu-burundi.org en 2012 : [ “Dans la soirée, le premier ministre est venu voir son épouse et le bébé. Vers 21 heures, il rentre. Il est fatigué. A cette époque, il n’y avait aucun protocole, mon mari conduisait lui même sa voiture, sans garde du corps(..) Soudain, dans la nuit, de sa chambre, Thérèse Ngendandumwe entend des coups de feu. « Cinq, ou six » (..) « J’ai crié : « Mbega uyo si Pierre barashe ! (N’est-ce pas Pierre sur lequel on vient de tirer !) ». La jeune maman, en pyjama, mue par une terrible prémonition, s’est lancée dans le corridor. Elle a rencontré une Sœur blanche, responsable de la maternité qui l’a arrêtée. « Retournez dans votre chambre madame, n’allez pas voir, c’est horrible. » Elle a su que Pierre Ngendandumwe venait d’être assassiné sur le perron de la Clinique Prince Louis. Le premier ministre avait 33 ans. (..) Dans la débandade, j’ai rencontré Monsieur X (malgré notre insistance, elle ne donnera pas le nom), il avait passé la soirée avec nous dans la chambre. Il était sorti quelques minutes avant mon mari. Quand je l’ai vu, je lui ai demandé ce qui se passait, il m’a répondu, indifférent, avec un petit sourire en coin : « apparemment c’est le premier ministre qui vient de se faire descendre. Je n’oublierai jamais. » (..) « On a arrêté l’assassin, mais ce n’était qu’un exécutant, le commanditaire, n’a jamais été inquiété. » Un témoin de la planification de l’assassinat du premier ministre lui a tout raconté. « Je sais tout », dit-elle] [1].
Dans la même nuit du 15 au 16 janvier 1965, des arrestations seront rapidement opérées parmi certaines personnalités politiques du pays. M. Appollinaire, vice-président de l’Assemblée nationale, avait déclaré : ” L’assassinat de M. Ngendandumwe a pour cause des rivalités politiques et ethniques”. Albin Nyamoya (alias Nyamunsi), ancien Premier ministre; Prime Niyongabo ; Augustin Ntamagara, député et secrétaire général de la Fédération des travailleurs du Burundi ; François Bangemu, directeur général de l’Information; Pierre Ngunzu, ministre des Communications; Zenon Nicayenzi, directeur général à la présidence du Conseil; et Nzigamasabo Salvator. Ce dernier, alors secrétaire d’Etat à la défense dans le gouvernement Muhirwa, était déjà, en janvier 1962, pointé du doigt dans le massacre de Kamenge, qui emportera la vie à 50 Barundi. En outre, Pascal Magence, secrétaire d’Etat à la gendarmerie,a été démis de ses fonctions, par arrêté royal.
L’Assemblée Nationale décida de lever l’immunité parlementaire (décision n° 010/11/100) de Albin Nyamoya, Michel Ndenzako, Augustin Ntamagara, Valentin Bankumuhari, et Kagabo. Ils avaient été arrêtés pour atteinte à la sûreté de l’État.
Ces membres du comité directeur de la jeunesse nationale révolutionnaire (Jnr) seront arrêtées et la peine de mort par pendaison sera requise…
La même nuit, André Muhirwa, de peur d’être arrêté, se fit hospitaliser…
En 2006, dans un entretien téléphonique avec la rédaction de « Net Press [2], Me. Libère Ndabakwaje déclara que c’est lui qui a procédé , en tant que magistrat stagiaire au cabinet du procureur du roi, Bavon Ntahizaniye, à l’arrestation du meurtrier Gonzalve Muyenzi à son domicile situé entre la 4ème et 6ème avenue du quartier Belge (aujourd’hui Bwiza) après avoir résidé un temps au quartier Fonds d’Avance devenu plus tard Nyakabiga. Le dossier sera par la suite transférer au magistrat, originaire de Kabezi, Marcien Butoyi.
Puis à nouveau, le dossier prendra une autre direction lorsque Libère Ndabakwaje sera nommé du procureur du roi à la place de Bavon Ntahizaniye. Grâce à la main du Grand maréchal de la Cour royale, Germain Bimpenda (un grand ami personnel d’Albin Nyamoya), le dossier n’évoluera plus et tous seront relâchés.
Le 2 août 1967,le Dictateur Michel Micombero relancera le dossier, pour tenter de se faire accepter par les Barundi après son coup d’Etat (contre la Royauté), car la mayonnaise ne prenait pas… L’enquête dut être stopper parce qu’on découvrit l’implication flagrante du Secrétaire Général de l’UTB, Nijembazi Antoine, et le Vice Recteur de l’Université Officielle de Bujumbura (UOB), Nicayenzi Zénon ( actuellement ,devenu vieux “sage” de l’Uprona et membre du Conseil National des Bashingantahe ) …
Le 14 décembre 1967, le simulacre procès de l’Affaire Ngendandumwe a lieu devant la Cour Suprême. La plaidoirie de Me J. Schellekens, du barreau de Bruxelles, prendra la défense de Prime Niyongabo, d’Augustin Ntamagara et de François Bangemu. Puis 7 jours plus tard,le 21 décembre 1967, la Cour Suprême prononcera un non-lieu pour les prévenus de l’Affaire Ngendandumwe, pour Prime Niyongabo, ancien ministre des Affaires étrangères, Augustin Ntamagara, chef syndicaliste, Francois Bangemu, Haut fonctionnaire, Gonzalves Muyenzie (Muyenzi), employé à l’ambassade des Etats-Unis à Bujumbura.
Aujourd’hui, les associations de la société civile souhaitent que la Justice Burundaise poursuivre le dossier jusqu’au bout et que les assassins soient jugés et arrêtés. Car il s’agissait d’un Premier Ministre…
La police burundaise avait découverte des nombreuses armes chinoises aux domiciles des personnes arrêtées. Il s’agissait selon les témoins d’une preuve qu’un Coup d’Etat qui était en préparation ( Coup d’État de 1965 contre le Royaume de l’Urundi ), mais aussi d’une planque destinée à un trafic d’arme juteux organisé en vue d’alimenter la jeune rébellion rwandaise …
Par ailleurs, Feu Joseph Bamina, dans un interview donné à la RTBF, alors Premier Ministre, en 1965, confirmé que le jeune rwandais qui avait été arrêté et accusé d’assassinat de Pierre Ngendadumwe n’était qu’un exécutant. Feu Joseph Bamina sera exécuté quelques mois plus tard avec une centaine d’autres personnalités politiques burundaises …
Le Conseil des ministres décernera le titre de « second héros national » à Feu Ngendandumwe, le titre de « Premier héros national » ayant été donné au prince feu Louis Rwagasore, fils du Mwami Mwambutsa IV, en 1961.
[1] Thérèse Ngendandumwe : « Mon mari est parti propre » , http://www.iwacu-burundi.org/spip.php?article2170
[2] Netpress ( Presse d’extrême droite Hima burundaise ) : Le procès jamais achevé des assassins de l’ancien premier ministre Pierre Ngendandumwe., http://www.tutsi.org/Act160106.htm
[3] Source : Robert Cornevin. L’Année africaine 1967.
DAM, NY,AGNEWS, le 28 Mars 2013