Burundi : Rentrée Judiciaire 2023-2024 sous l’Égide du Président Ndayishimiye Evariste. La Tradition des ‘Abatutsi’ pour Combattre la Corruption ?
Gitega, 1er septembre 2023 – S’inscrivant dans la lignée des années précédentes, la rentrée judiciaire, édition 2023-2024, s’est déroulée en présence des plus hautes autorités de l’État. Son Excellence Ndayishimiye Evariste, Général Major et Président du Burundi, a honoré cette cérémonie de sa présence au Stade Ingoma.
Cette cérémonie de rentrée judiciaire, organisée conjointement par le Ministère burundais de la Justice et la Cour Suprême du Burundi, avait pour thème : “Les jugements justes et opportuns, un socle pour le développement de la nation.”
Tout comme la gouvernance, la problématique majeure qui ronge l’État est la corruption généralisée, qui sévit également au sein de la justice. Dans le passé, selon la tradition burundaise sous Ingoma Y’Uburundi, l’attribution des responsabilités pour la mise en œuvre harmonieuse des plans de l’État était confiée aux membres d’une corporation de gestionnaires intègres, appelée “abatutsi.”
Porteurs d’Ubungoma et d’Ubuntu, comme tous les Burundais, les “abatutsi” étaient des individus dotés d’une vocation particulière, membres de la corporation de production des Burundais “abahutu.” Ils étaient choisis grâce à leur cœur vrai authentique, juste et bon “umutima mwiza“, et initiés au sein des confréries “abashigantahe” ou “abapfasoni.”
Lorsque l’État, représenté par “umwami,” avait besoin de mettre en œuvre sa planification, notamment dans le domaine socio-économique pour la redistribution des ressources produites par “abahutu,” pour répondre aux besoins de la population, “abatware” ou “abaganwa” parcouraient les collines d’Ingoma Y’Uburundi à la recherche des “abashingantahe” et “abapfasoni.” Ces confréries garantissaient une gouvernance éthique dans tout le pays en proposant leurs membres initiés des différentes collines, sans distinction aucune, provenant tous les “imiryango” . Ces nouveaux élus, une fois choisis, célébraient la cérémonie d’initiation du “Kwihutura,” une fête de partage et de joie, quittant ainsi leur statut d'”umuhutu” initié “umupfasoni” ou “umushingantahe” pour devenir “umututsi,” devenant dès lors membres de la corporation des “gestionnaires justes” d’Ingoma Y’Uburundi.
Devenir “umututsi” était une grande fierté, car la nature les avait élus en tant qu’individus chanceux, sélectionnés par l’État en raison de leur destinée cachée, qu’ils maîtrisaient en suivant le chemin d’Imana avec leur “ubwenge.” Dans la tradition burundaise, les “abatutsi” garantissaient la bonne gouvernance.
Afin d’éradiquer définitivement la corruption dans les institutions, le gouvernement de S.E. Ndayishimiye devrait désormais choisir ses fonctionnaires exclusivement parmi les initiés “abashingantahe” ou “abapfasoni” de leurs collines ou quartiers respectifs. Là où ils sont connus de tous.
Suite à la colonisation et à la dictature militaire qui a sévi entre 1965-66 et 2005, ces confréries traditionnelles ont été altérées [1]. En 2022, elles ont été interdites et dissoutes au Burundi, remplacées par les “abahuza,” des membres du Conseil des notables collinaires ou de quartiers, une institution publique de justice composée de citoyens élus par la population locale. Aujourd’hui, on espére que l’ élection du -umuhuza- repose, comme pour abashingantahe et abapfasoni traditionnelles, sur leur altruisme -umutima mwiza- et leur aptitude à maintenir l’harmonie, excluant ainsi tout critère monétaire pour leur élection.
Aujourd’hui, en s’inspirant de la tradition modernisée et en tenant compte de leurs compétences, le Chef de l’État du Burundi devrait trouver ses fonctionnaires parmi les “abahuza,” assurant ainsi un État harmonieux et exempt de corruption.
[1] – Les “Abahima” ne pouvaient en aucun cas intégrer ces confréries, dont le critère d’adhésion était d’avoir “umutima mwiza.”, être des individus porteurs de vertus.
DAM, NY, AGNEWS, http://burundi-agnews.org, Vendredi 1er septembre 2023 | Photo : RTNB.BI