{jcomments on}vendredi 3 octobre 2008 par Jean-Claude Mubisharukanywa
De la conférence-débat sur « Burundi 72. Au bord des génocides » animée par Jean-Pierre Chrétien et Jean François Dupaquier. Bujumbura, 2 Octobre 2008- A ce jeudi 2 Octobre 2008 plus précisément à 18 h , heure de Bujumbura, les deux co-auteurs du livre « Burundi 72.
Au bord des génocides » à savoir Jean-Pierre Chrétien et Jean François Dupaquier ont animé une conférence -débat sur leur ouvrage au Centre Culturel Français sous le parrainage de l’Ambassadeur de France lui-même. La salle était pleine de monde et presque la moitié était de peau blanche. Des représentants de l’administration, des représentants des politiciens au haut niveau, des chercheurs, des représentants des medias et des représentants de la société civile avaient répondu présents. Tellement le sujet à l’ordre du jour était attrayant et de haute importance. Apres avoir écouté le mot du modérateur et l’allocution de l’Ambassadeur de France, quelques questions ont été posées aux auteurs.
Apres la question aux auteurs par le modérateur lui-même pour éclairer le public, des consultants à savoir NTIBAZONKIZA Raphael, historien Burundais, et Julien NIMUBONA, politologue , ont ensuite adressé quelques questions aux auteurs. Est venue ensuite une étape où les journalistes de tous les medias audio visuels Burundais ont également soumis des interrogations aux deux conférenciers. Enfin la parole a été donnée au public.
De l’essentiel de toutes les interventions, on peut retenir ce qui suit :
1. Les échanges questions-réponses ne se sont pas écartés du contenu du livre ci haut cité ;
2. Les conférenciers ont conjointement assumé la responsabilité d’affirmer que le plan d’extermination des Hutus en 1972 a existé bel et bien au regard du déroulement des événements des massacres à grande échelle. Certains ont avancé que le plan était attribué à Arthémon SIMBANANIYE et d’autres ont pensé autrement. Ce qui est évident, ont-ils avancé, la personne de SIMBANANIYE Arthémon comme parrain du plan n’est pas plus important que la mise en œuvre du plan lui-même ;
3. La confirmation que le Burundi a sombré dans des génocides en 1972 a été clarifiée par les deux auteurs. Sur ce point, les arguments ont été centrés sur les moyens de l’Etat qui ont été utilisés par le pouvoir en place pour s’adonner à une répression aveugle suivant un plan d’extermination des hutus concocté bien avant le 29 Avril 1972 ;
4. L’existence d’une rébellion qui, pour certains intervenants, était hutu et pour d’autres émanait d’une construction du pouvoir pour se donner des raisons de passer à la répression. A cette interrogation, les deux auteurs ont précisé que ce qui est essentiel dans leur rôle d’historien était de dire ce qui s’est passé sur base des témoignages et documents et que le lecteur devrait savoir et constater les raisons de la répression raciale par le pouvoir MICOMBERO. Les burundais doivent savoir quoi faire des résultats de ce constat et cela n’est pas le rôle de l’historien ;
5. La suspension de la constitution et la mise en place des gouverneurs militaires à la tête de toutes les provinces et l’exploitation du mouvement intégré au Parti Etat UPRONA de la JRR (Jeunesse Révolutionnaire Rwagasore) comme forces supplétives à l’armée dans les massacres est aussi une preuve que le plan avait été bien mûri. Certains ont affirmé même que ce plan avait commencé en 1969 avec la volonté d’exterminer les monarchistes royalistes.
En conclusion, la conférence n’a pas été une conférence de jeu mais plutôt une séance d’auto-psychanalyse pour tous les participants à la veille de la mise en œuvre de la commission vérité et réconciliation. Même l’ex-Président, Buyoya lui-même, s’est exclamé en disant que désormais les Burundais n’auront plus peur de leur histoire.