Chantal Nsamirizi, la nièce de l’ancien tortionnaire burundais Mpozagara Gabriel, vient d’être reconnue par la Cour Européenne comme « esclave moderne ».
Chantal Nsamirizi a été reconnue, en octobre dernier, comme “esclave moderne” par la Cour Européenne.
Selon les informations qui circulent, Chantal Nsamirizi était logée dans une cave, elle échappait rarement aux coups de balai et aux brûlures. Pendant quatre ans, Chantal Nsamirizi, a été, avec sa sœur, l’esclave de sa tante et de son oncle (Famille Mpozagara et son épouse). Mais, le 11 octobre dernier (2012), la Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH) a condamné la France pour ne pas avoir mis en place « un cadre législatif et administratif permettant de lutter efficacement contre la servitude et le travail forcé », rapporte le journal « Le Monde ». La France doit payer 30 000 euros à Chantal Nsamirizi aujourd’hui âgé de 34 ans.
Voilà ce que raconte le journal “le Monde” …
Chantal et sa petite sœur étaient arrivées en France, à Ville d’Avray (Hauts-de-Seine) , à 15 ans en 1993.
Selon Chantal Nsamirizi, à la mort de ses parents, sa tante leur annonce : « Sachez que vous n’avez plus de parents, c’est fini ». Les deux adolescentes sont alors logées dans une cave sans chauffage ni fenêtre et ne se lavent qu’au seau d’eau au-dessus de toilettes à la turque, précise le journal « Le Monde ».
Elles reçoivent régulièrement des coups de balai lorsqu’elles s’endorment alors que leurs « maîtres » sont toujours éveillés. Chantal commence à voir apparaître des boutons qu’elle ne peut pas soigner et qui se transforment en plaies purulentes.
Alors que sa jeune sœur se rend, à pied et le ventre vide, au collège situé à cinq kilomètres du domicile, Chantal reste à la maison pour s’occuper des tâches ménagères ingrates et affiche sur les bras des traces du fer à repasser brûlant que lui jette régulièrement sa tante. Si parfois elles imaginent s’enfuir, elles n’osent pas franchir le pas. Leur tante les menace de les renvoyer au Burundi où, selon elle, elles se feront « déchiqueter ».
En 1998, une camarade de classe de la cadette s’inquiète de sa maigreur et l’oriente alors vers l’association « Enfance et Partage ». Le 4 janvier 1998, les deux sœurs s’enfuient enfin. Les journalistes Sylvie O’Dy et Dominique Torrès, fondateurs du « Comité contre l’esclavage moderne » réussissent à convaincre le directeur général de l’Unesco de lever l’immunité de l’oncle des jeunes filles. L’année suivante une information judiciaire est ouverte.
En 2007, le tribunal correctionnel de Nanterre déclare le couple coupable d’« hébergement et conditions de travail incompatibles avec la dignité humaine ». La tante est également reconnue coupable de violences aggravées.
Mais, en 2009, la cour d’appel de Versailles relaxe le couple et ne retient que les faits de violence aggravée. Et en 2010, la Cour de cassation rejette le pourvoi des deux sœurs. A Strasbourg, on ne voit pas la chose du même œil. Pour la Cour Européenne, il y a eu violation de l’article 4 de la Déclaration universelle des droits de l’homme où il est écrit que « nul ne sera tenu en esclavage ni en servitude ». Dans les colonnes du « Monde », Chantal ne cache pas son émotion : « Avec ça, les gens sauront un peu ce qui se passe sur la Terre en cachette ».
Mpozagara Gabriel, le tortionnaire burundais.
Au Burundi, alors que l’on prépare une Commission Nationale Vérité Réconciliation, le Collectif Septembre Décembre ’69 (CSD’69) rappelle la dangerosité de laisser des criminels dans la nature. On ne rigole pas avec ce genre de chose …
Le bourreau, Mpozagara Gabriel, en question, est un ancien procureur générale, sous le régime dictatorial des Bahima Burundais (Micombero, Bagaza, et Buyoya), qui a fait près de 4.5 Millions de victimes au Burundi en près de 40 ans de règne.
Il est triste de voir ce que le tortionnaire Mpozagara Gabriel a fait à ses propres nièces … Le CSD’69 invite les lecteurs à relire son communiqué réalisé il y a deux ans intitulé : “Le chat qui se fait moine n’oublie pas ses habitudes, le cas Mpozagara !” (1). Ce document permet de comprendre cet homme, ancien procureur de la République sous la Dictature des Bahima burundais,et surtout sa proximité avec le Dictateur sanguinaire Micombero Michel.
Un nombre important de Barundi sont morts suites à de nombreuses tortures ordonnées par le tortionnaire Mpozagara alors procureur. On peut nommer des citoyens Barundi honorables comme M.Bankanuriye, le député M. Jean-Baptiste Kayabu, le docteur Cyprien Henehene (ancien ministre de la santé sous la Monarchie), les officiers Karolero, Katariho et Bazayuwundi, etc. Selon les témoins de l’époque, les tortures avaient été brutales et cruelles au point que plusieurs détenus en avaient succombé.
Entre 1993 et 2003, le Burundi a vécu une guerre civile. Il s’agissait d’en finir avec la Dictature des Bahima burundais. Dès lors, un grand nombre des -enfants de la Dictature- a fui le pays et ce sont rendus en France (Pays qui a soutenu la Dictature des Bahima burundais ). L’épisode tragique d’esclave que l’on évoque ici démontre un part de la méchanceté du Régime de la Dictature que les Barundi ont subi. Malheureusement, elle s’est exportée en France…
Aujourd’hui, au Burundi, grâce à de nombreux jeunes gens qui ont donné leur vie pendant la guerre contre la Dictature et que l’on commémore en ce mois de novembre, les Barundi se sont débarrassés,en parti, de leurs cauchemars et ont retrouvé leur liberté depuis 2003 …
Désormais les victimes Barundi, tout comme Chantal Nsamirizi, réclament eux aussi justice !
(1) Note: Communiqué du Collectif Septembre Décembre ’69 (CSD’69), http://www.burundibwacu.info/spip.php?article178
DAM, NY, AGNEWS, le 11 novembre 2012