La stratégie de la tension consiste à : imposer le débat, impulser le doute dans le chef des dirigeants d’un Etat, créer l’incertitude non gérable chez les citoyens en les faisant craindre le chaos et en les poussant vers des actions désespérées, amener les milieux sociaux vers des revendications sans issue, cautionner toute idée avilissant le pouvoir en place et en le dénigrant systématiquement malgré ses réalisations, appuyer tout groupe qui se veut bloquer toute initiative novatrice en la qualifiant d’office de néfaste pour la société en vue d’arracher l’assentiment de la population en faveur du soulèvement, etc… Bref, tout paralyser sauf si les gouvernants acceptent de tout céder. Alors pour augmenter la tension, Monsieur Sinduhije vient de s’éclipser de l’espace public en attendant le moment opportun pour réapparaitre triomphalement et victorieux. Que retenir, une partie de l’UPRONA nous dit via Francis Ngaruko que la JRR et l’UFB ne sont plus des branches du Parti UPRONA puisqu’elles sont désormais indépendantes avec une autonomie. Question : serait-ce alors la résurgence d’une forme des anciens sans échecs et sans défaite ?
Le parti UPRONA n’est pas un parti de tutsi il l’est devenu après l’élimination physique d’une majorité des Baganwa, des Swahili et des Hutu, les survivants quant à eux contraints à l’exil. Encore une usurpation de plus. D’ailleurs à ce propos, les descendants des vrais leaders de ce parti devraient réclamer des dommages et intérêts car ce sont les usurpateurs qui ont profité et qui profitent encore des retombés financières depuis des décennies et du prestige que l’exercice de la gestion de la chose publique procure.
Plus l’opposition se rend compte qu’elle ne peut pas prétendre à la victoire électorale et plus la tentation de déstabiliser le pouvoir en place par des troubles sociales est grande. Le gouvernement fait alors l’objet d’attaques gratuites ; à ce que je sache l’armée et la police n’appartiennent à aucun parti politique.
C’est l’opposition qui crée et génère le désordre et après critique les forces de maintien de l’ordre quand elles ne font que garantir à ce que les citoyens honnêtes ne puissent être victimes des actions de ces va-t’en guerre. Aussitôt le désordre et l’insécurité semés sur un lieu, à un moment et avec des moyens que eux-mêmes ont déterminés, les initiateurs de cette tension au lieu d’assumer leurs forfaits, déclarent à tout vent être victimes de l’incapacité de l’Etat à les protéger. Suivent alors les larmes de crocodiles qu’ils versent et instantanément reprises par lambinage par l’ensemble des âmes charitables qui n’attendent que le pays brûle ou qu’il parte en lambeau afin qu’ils puissent justifier leur raison d’être (humanitaire, droits de l’homme, société civile, activismes de tout bord,…).
Pour une fois, même Pacifique Nininahazwe, « l’une des figures de la société civile burundaise ne fait pas lui dans la dentelle. Il juge que le parti MSD s’est livré à une provocation en organisant sa manifestation clandestinement » RFI. Le sport de masse de jeunes du MSD qui s’entichent pour la violence et pour certains politiciens oisifs qui font plutôt dans la cosse et/ou dans la flemmardise que dans l’action citoyenne rappelle celui des sans échecs et sans défaite dont Monsieur Sinduhije était le mentor, qui égorgeaient et tuaient en boutant le feu sur leurs victimes jusqu’à ce que mort s’en suive. C’est sûrement cela que les forces de l’ordre essayent d’éviter. Si on les laissent faire d’ici peu les pneus vont commencer à se consumer sur autour des cous des « boro ».
Pour rappel, ce sont les massacres commis par le parti-Etat UPRONA qui ont généré la haine ethnique et rien d’autre. Il est à constater qu’au Burundi certains refusent d’adhérer à cette nouvelle culture basée sur l’élection des représentants du peuple l’ancien système basé sur l’accession au pouvoir par les coups de force leur sied encore. Le système dictatorial que nous avons connu pendant plus d’une génération a laissé beaucoup de marques indélébiles observables encore aujourd’hui lorsqu’on analyse le comportement de certains de nos concitoyens.
Quant au professeur Evariste Ngayimpenda , il nous parle de tout mais omet de nous navrer sur le rôle de son parti pendant la période dictatoriale toutefois, il concède qu’il ne faut pas prendre la question du génocide à la légère, ça tombe bien la commémoration de 28 avril 1972 approche à grand pas.
La triste milice JRR connue pour avoir été la cheville ouvrière du génocide de 1972 est réactivée. Il ne restent plus que les sans échecs et les sans défaite reprennent du service pour compléter le tableau afin que les conditions nécessaires et suffisantes d’embrasement soient réunies pour que les négociations vraies et alimentaires commencent et permettent à ceux qui se vautrent actuellement dans la disette de passer à table.
Avant cela, il faut évidemment chauffer la marmite. Certains comme le Président du CNDD trouvent qu’ils ne faut pas attendre longtemps que le fruit est déjà mûr et juteux qu’il faut directement passer à l’essentiel c’est-à-dire, passer au partage sans tergiverser. Le temps d’attente a été suffisamment long.
Qu’on se le dise, nul processus ne pourra annihiler dans nos mémoires le souvenir douloureux du passé mais la forte conviction que le meilleur reste à venir et que ce n’est pas l’asthénie qui contribuera à transcender ces blessures pour faire jaillir l’optimisme agissant vers une nation réconciliée et prospère.
Le Burundi d’aujourd’hui et de demain a besoin d’hommes et de femmes qui ne se définissent pas par de simples prises de positions ethniques, politiques ou économiques mais par leur capacité de compréhension du momentum actuel et par leur disposition à participer au relèvement des différents défis auxquels le Burundi doit faire face sur le plan national, sous régional et international.
In fine, ce n’est qu’à travers la quintessence d’un acte entre vifs que les Burundais d’aujourd’hui et de demain pourront vivre ensemble la citoyenneté partagée.
Kabura Nicodème, 11 mars 2014