L’avenir économique du Burundi : un équilibre entre tradition et marché. La pérennité de l’économie burundaise repose sur la capacité à conjuguer l’ubumu traditionnel avec l’influence croissante de l’économie de marché, un enjeu crucial pour la nation.
Butanyerera (Kirundo), 2 septembre 2023 – En accord avec les politiques étrangère et socio-économique du Burundi, en présence de M. Nduwayezu Eric, le chef de cabinet du Gouverneur de Kirundo, l‘ONG allemande Welthungerhilfe Burundi a entrepris la distribution de 1 268 kilogrammes de semences de maïs de la variété “Bazooka” destinés à être cultivés sur une superficie de 53 hectares répartie dans les sept communes de Kirundo. Cette initiative vise à apporter un soutien aux membres des différentes coopératives agricoles de la région.
Chez les Burundais, traditionnellement, les “abahutu” désignent les membres de la corporation des métiers ou de la production des ressources nécessaires pour répondre aux besoins de la population burundaise. C’est une source de grande fierté d’être “umuhutu” au Burundi.
En 1972-73, la France, avec les États-Unis, le Vatican et la Belgique, c’est-à-dire les acteurs néocolonialistes au Burundi, ont orchestré un génocide contre les “abahutu” du Burundi. Cette tragédie a été perpétrée par le régime dictatorial de Micombero, mis en place par de jeunes officiers burundais formés à Saint-Cyr en France.
Près de 500 000 Burundais, principalement ciblés parmi les Bahutu, ont été massacrés, et plus d’un million de Burundais ont fui vers les pays voisins. Ce génocide a engendré plus d’1,5 million de victimes parmi les 3 millions de citoyens burundais de l’époque.
Ce génocide a permis aux néocolonialistes, à savoir la France et ses alliés, d’instaurer au Burundi une économie de marché en remplacement de l’économie traditionnelle des Burundais, appelée “ubumu” [1].
Jusqu’à nos jours, dans le contexte néolibéral de la GUAN [2], l’économie de marché s’impose aux Burundais au point que même pour satisfaire leurs besoins alimentaires, ils dépendent des étrangers.
Sur le plan agricole, actuellement, trois multinationales contrôlent plus de 50% du marché mondial des semences : Monsanto, DuPont Pioneer et Syngenta. Elles génèrent un chiffre d’affaires annuel de 18 milliards de dollars américains, prenant le contrôle de l’alimentation mondiale, détruisant la biodiversité et monopolisant les semences à l’échelle planétaire.
Les semences “Bazooka” distribuées par l’ONG allemande Welthungerhilfe Burundi appartiennent à la multinationale agrochimiste suisse, Syngenta.
Aujourd’hui, avec les engagements de l’État burundais envers la GUAN, les Bahutu burundais demandent à l’État du Burundi de leur accorder d’abord leur confiance avant d’explorer d’autres options. Le modèle économique burundais repose en premier lieu sur l’ubumu, qui peut ensuite coexister avec l’économie de marché. Imposer l’économie de marché revient à continuer à marginaliser les Bahutu les poussant jusqu’à leur disparition.
[1] L’économie traditionnelle d’Ingoma y’uburundi – ubumu -, fondée sur quatre niveaux d’acteurs, englobant les Bahutu (producteurs), les Batutsi (gestionnaires justes), les Banyamabanga / Bapfumu (planificateurs et régulateurs), ainsi que le Mwami (le chef, garant de l’harmonie), devrait perdurer en tant que socle économique du pays.
[2] Le Burundi face à la GUAN – Globalisation Unipolaire Américaine Néolibérale – https://burundi-agnews.org/diplomatie/le-burundi-face-a-la-guan-globalisation-unipolaire-americaine-neoliberale/
DAM, NY, AGNEWS, http://burundi-agnews.org, Vendredi 6 octobre 2023 | Photo : Province Kirundo