Cette semaine, au Burundi, on fêtait les 50 années d’existence de l’Université du Burundi.
Cette institution a été créée avec le concours du Centre Culturel Français (CCF) qui allait s’installer au Burundi cette même année 1964. Un an plus tard (en 1965), il y aura un Coup d’Etat militaire réalisé par une poignée d’officiers Bahima burundais formés à Saint-Cyr en France. En 1966, les Bahima burundais déposent le mwami Ntare V ( qu’ils venaient d’instituer quelques mois auparavant en-frayant les rites traditionnelles du Royaume ) est déclare la République du Burundi.
Pendant près de 40 ans (1965 à 2005), la Dictature militaire des Bahima Burundais (Micombero, Bagaza, et Buyoya) va utiliser l’Université du Burundi pour former ses cadres ou son élite. Les régimes Hima burundais successifs vont pratiquer un apartheid scolaire à l’encontre des enfants vaillants et valeureux du Royaume millénaire du Burundi -Ingoma Y’Uburundi : les “Bahutu” Barundi. Le résultat est que c’est une élite majoritairement Hima et francophone qui sortira de cette université … Aujourd’hui, encore, 50 ans après, malgré que depuis 2005 un régime démocratique a vu le jour, des stigmates de l’ère dictatorial subsistent à l’Université du Burundi.
75% du corps professorales à l’Université du Burundi sont des Bahima Burundais (Tutsi) contre 25% de baHutu ( qui est un mot péjoratif -dégradant humainement- en Kirundi que la géostratégie coloniale a étiqueté aux enfants légitimes de cet ancien Royaume des Barundi. Un peu comme le mot Al-Qaïda qui sert à identifier l’ “ennemi arabe” … ).
En début d’année 2013, l’État du Burundi a voulu changer ces proportions 75% Tutsi (Hima) / 25% Hutu qui sont anticonstitutionnelles car la Constitution du Burundi oblige à une représentativité dans les institutions de l’État à un partage 60% Hutu contre 40% Tutsi. Mais le corps professoral Hima de l’Université du Burundi, appuyé par les syndicats et les associations de professeurs et des étudiants, s’y sont opposé au nom de la qualité de l’enseignement qui risquerait d’en prendre un coup.
Au delà du fait qu’il s’agit d’une question de respect de constitutionnalité, le problème est que l’Université du Burundi n’est pas dans le TOP 100 des universités africaines rétorque l’entourage de l’État. De plus, on y remarque aussi une sorte de sélection naturelle qui s’y installe de plus en plus où des enfants Bahima burundais réussissent mieux à l’Université du Burundi à des proportions anormales par rapport à d’autres qui ne le sont pas … Alors que ce sont les citoyens Barundi, majoritairement – Bahutu – dans ce pays, qui payent le fonctionnement de cette institution, de part l’impôt qu’ils payent !
Ainsi, ces 50 ans d’anniversaire de cette institution burundaise qu’est l’Université du Burundi se passe dans cette ambiance assez morose …
DAM, NY, AGNEWS, le 11 janvier 2014