GÉOPOLITIQUE DES GRANDS LACS AFRICAINS, COLONISATION, HISTOIRE, ECONOMIE, SOCIO-ÉCONOMIQUE – HUTU, BAHUTU : le lieu sacré ou d’initiation, la liberté cultuelle et individuelle, la coexistence des sociétés initiatiques, et la production des Hutu et la politique de partage ou de redistribution de cette production.
BUJUMBURA, Vendredi 1 Mars 2019 – M. BIREHANISENGE Amani, historien Burundais , a expliqué ce qu’est un(e) HUTU(KAZI) chez les Barundi dans “Burundi : La fierté d’être HUTU chez les Barundi” [ https://burundi-agnews.org/culture/burundi-la-fierte-detre-hutu-chez-les-barundi/ ]. Aujourd’hui, M. BIREHANISENGE ajoute qu'”Être HUTU permettait autrefois de s’affirmer en tant qu’UMUNTU – être humain – en vivant de l’UBUNTU, dans la communauté des Barundi”. Le/La HUTU (*) chez les Barundi est un membre d’une des confréries de métiers parmi la Corporation des métiers des Barundi ou de la Corporation de production des Barundi.
Cette fois-ci M. BIREHANISENGE poursuit son explication sur les HUTU Barundi ou la société initiatique des HUTU. Il nous parle de : Du lieu d’initiation des HUTU ou BAHUTU ; la liberté cultuelle et individuelle chez les HUTU ; Est ce que les HUTU ou BAHUTU ont une croyance autre que celle des autres Barundi ? ; la POLITIQUE de PARTAGE ou de REDISTRIBUTION de la PRODUCTION DES HUTU ou BAHUTU BARUNDI.
1/ Du lieu d’initiation des HUTU ou BAHUTU
Le lieu d’initiation est un endroit triangulaire, non couvert, implanté par le Grand maître HUTU. Ce lieu est connu de tous comme un lieu sacré où il est interdit de s’y rendre si on n’est pas HUTU. Cet endroit démarque la colline et un autre lieu. Dans cet autre lieu vivent souvent d’autres gens de hautes sciences, notamment ABATWA ou TWA. Ce lieu sacré est le lieu où le HUTU ( Un Murundi ou Burundais initié ) passe avant de commencer son accession aux savoirs. Ce lieu sacré est protégé par MUKA KIRANGA-RYANGOMBE ( principe Féminin ) et KIRANGA-RYANGOMBE ( principe Masculin ). Les HUTU y pratiquent le KUBANDWA. Une pratique spirituelle permettant de rentrer en connexion avec cette personnalité spirituelle KIRANGA-RYANGOMBE ( Féminin / Masculin ). Le HUTU, une fois arrivé dans ce lieu sacré, invoque d’abord MUKA KIRANGA-RYANGOMBE puis KIRANGA-RYANGOMBE. Tous les HUTU jurent par MUKA KIRANGA-RYANGOMBE et KIRANGA-RYANGOMBE.
Tous ce qui concerne la vie ( conflits, questionnements etc . ) des HUTU ou BAHUTU sont réglés dans ce lieu sacré ou lieu d’initiation, avec le concours du Grand Maître HUTU, mais surtout grâce à l’entre-mède de MUKA KIRANGA-RYANGOMBE et KIRANGA-RYANGOMBE.
Le/la HUTU passe toujours par ce lieu avant d’exercer. Le HUTU y fait ses demandes et ses offrandes vis à vis de MUKA KIRANGA-RYANGOMBE et KIRANGA-RYANGOMBE, en rapport avec l’activité que le HUTU souhaite réaliser (selon sa confrérie de métier). Généralement ces rituels du quotidien se font en groupe ( ou en communauté ) entre HUTU ou BAHUTU.
2/ la liberté cultuelle et individuelle chez les HUTU
Le HUTU, quand il est dans son lieu sacré ou lieu d’initiation, s’en remet à MUKA KIRANGA-RYANGOMBE et KIRANGA-RYANGOMBE. Mais ailleurs de ce lieu, le HUTU peut s’en remettre à un/une autre personnalité spirituelle de son propre choix … C’est la liberté cultuelle.
Comme on l’a vu précédemment, à n’importe quel âge on peut devenir HUTU selon que les conditions précisées antérieurement soient remplies.
Le HUTU obéit et est soumis à une éthique, à des comportements précis bien élaborés, bien imposés, bien étiquetés, et bien réglementés, car il évolue en communauté ou en groupe.
Toutefois le HUTU doit s’émanciper en tant d’individu. Ainsi il est responsable de sa PRODUCTION ou de ce qu’il réalise. Malgré que, moralement, il dépend toujours de son Maître formateur. Le HUTU est un Être, un Individu initié ayant les obligations de sa communauté d’appartenance. Il demeure un élément UNIQUE malgré son inclusion au groupe. Il répond personnellement à tout ce qu’il commet comme actes positifs ou négatifs.
Lorsqu’il s’illustre par une réalisation ou une production extraordinaire ( une découverte ). Souvent, il rentre dans l’Histoire, au travers d’un poème ou d’une chanson, pour que l’on n’oublie jamais sa prouesse historique. A ce moment, le HUTU est chanté et rentre dans l’Histoire en tant qu’individu. La chanson ( ou le poème ) parcourt le Burundi afin que tous les Barundi apprennent la prouesse de cet individu HUTU. Certes son Maître de formation n’est pas oublié, mais la gloire reste celle du HUTU en tant qu’individu. Chez les HUTU, le groupe oui, mais l’individu aussi.
3/ A côté des HUTU ou BAHUTU subsistent d’autres sociétés d’initiations Barundi
Chez les Barundi, il existe d’autres structures corporatrices initiatiques ( celles des TUTSI, des BASHINGANTAHE , des BAPFUMU etc. ) à côtés de celle des HUTU ou BAHUTU. Ces sociétés d’initiations ont pour but de rendre l’individu, membre à part entière de la communauté des Barundi, avec comme fonction première l’intégration sociale.
Ces sociétés initiatiques commencent dès l’âge de 5 ans généralement avec tous les enfants de la colline sans discrimination aucune. Les enfants futures HUTU ou BAHUTU participent à ces initiations des premières étapes de la vie. La période de 5 à 21 ans est la période d’initiation des Barundi. Si vous passez cet âge sans être initié. C’est trop tard ! Votre intégration sociale a échoué. C’était le cas des HIMA Barundi qui s’étaient soit : 1/ fait expulser des sociétés initiatiques à cause de leur comportement ; ou 2/ n’avaient jamais fréquentés une des sociétés initiatiques Barundi .
Le/la Burundais(e) a 21 ans est fort(e). Il/Elle est un(e) ADULTE, généralement membre des grandes corporations initiatiques du Burundi, notamment HUTU. Il/Elle n’est plus un(e) apprenant ou aide du Maître formateur.
Le Murundi peut appartenir à de nombreuses sociétés initiatiques en même temps. Il n’y a pas de rupture.
4/ La POLITIQUE de PARTAGE ou de REDISTRIBUTION de la PRODUCTION DES HUTU ou BAHUTU BARUNDI
L’ensemble de la production des HUTU Barundi correspond à la richesse de toute la communauté des Barundi,dirigée par le MWAMI, responsable d’INGOMA Y’UBURUNDI (Le Burundi ). Les productions réalisées par les HUTU ou BAHUTU sont partagées JUSTEMENT ( cfr. TUTSI ) dans la communauté des Barundi.
Lorsque un HUTU produit, une part de sa production revient : 1/ au HUTU en question, dont à sa FEMME ( qui peut partager avec sa voisine ou sa propre famille car c’est son droit. Cette part lui appartient à elle-seule ); 2/ à son Maître-formateurs, membres de la confrérie du métier en question ( Le Maître formateur est récompensé pour avoir donné la permission au Hutu de pouvoir produire ) ; puis 3/ à des Familles Barundi bien précises ( les nécessiteux notamment ).
Au plus le HUTU produit, au plus il aura une grande part.
La Politique de Partage ou de Redistribution de la PRODUCTION des HUTU est régulée par la réglementation de la corporation des HUTU ou BAHUTU, ou la POLITIQUE DES HUTU/BAHUTU BARUNDI,réalisée par les Grands Maîtres HUTU. Ces Grands Maîtres sont d’abord des BASHINGANTAHE, et des BAPFUMU ou SAVANTS qui créent et régulent la POLITIQUE DES HUTU/BAHUTU BARUNDI, parti intégrante de la POLITIQUE INTERIEUR DES BARUNDI, notamment la POLITIQUE SOCIO-ECONOMIQUE DES BARUNDI, au main du MWAMI (Le Chef ou Roi ) d’INGOMA Y’UBURUNDI.
M. BIREHANISENGE Amani, historien Burundais, termine en disant : Voilà une des facettes de la société complexe des Barundi à laquelle a du faire face les colons Allemands et Belges à leur arrivée au Burundi entre le 19 et 20ème siècle.
(*) Lorsque l’on écrit le/un HUTU, c’est soit le HUTU ou la HUTUKAZI. Ce sont les Femmes et les Hommes.
DAM, NY, AGNEWS, http://burundi-agnews.org, Samedi 2 mars 2019