A Bujumbura, ce vendredi 2 mai 2014, l’ombudsman du Burundi, M. Mohamed Rukara, a reçu M. Soumaila Cissé, député malien , chef d’une délégation multidisciplinaire envoyée par la présidente de la Commission de l’Union africaine, pour demander au Burundi de ratifier la – Charte africaine pour la démocratie, les élections et la gouvernance – .
Cette délégation était composée de parlementaires , de représentants de la société civile africaine, des cadres de la Communauté économique de l’Afrique centrale et de l’UA, ainsi que de l’ambassadeur de l’Union africaine(UA) au Burundi, M. Diarra Boubakar.
Le Burundi peut- il ratifier cette Charte africaine pour la démocratie, les élections et la gouvernance ?
Depuis 1966, avec l’avènement de la Dictature militaire des Bahima burundais (Micombero, Bagaza, et Buyoya), jusqu’en 2001, le Burundi avait vécu dans un Etat d’apartheid où une minorité ethnique -les Bahima- représentant 6 à 7% de la population était au pouvoir. Les “Bahutu” Barundi ont subi un Génocide-Régicide. Plus de 4,5 Millions de “Bahutu” Barundi ont été victimes du Régime des Bahima burundais pendant près de 40 ans.
Il y a 14 ans (en 2001), pour stopper une décennie de guerre civile opposant les “Bahutu” Barundi aux Bahima, des Accords ont été signés suite à des négociations : Les Accords d’Arusha de 2000. L’idée de ces Accords d’Arusha était de pouvoir remettre le Burundi au main de la majorité de la population – les “Bahutu” Barundi- comme cela l’avait toujours été depuis des millénaires, notamment sous l’ancien Royaume du Burundi – Ingoma Y’Uburundi-.
Avec ces Accords d’Arusha, des quota ethniques -inégalitaires- ( ne tenant pas compte des réalités sociologiques du pays) avaient été mis en place, sur proposition du dictateur militaire BUYOYA Pierre, chef d’Etat suite à un coup d’état en 1996. Il s’agissait d’une première -au niveau institutionnel- car ces quota étaient des résidus idéologiques dans la pure tradition des Loi Sud-Africaine de – Racisme institutionnalisé – mis en place en 1910 avec l’Union de l’Afrique du Sud et des Lois Herzog par la suite. En 2005, le Burundi mettait dans sa Constitution ces quota ethniques, fondement de ces Accords d’Arusha signés en 2000.
Fin 2013, l’Etat du Burundi a remarqué, évaluant ces Accords d’Arusha à quota ethniques, avec leurs effets attendus à – discrimination positive – (sorte d’affirmative action) ayant pour vocation de redonner le pays à la majorité de la population -les “Bahutu” Barundi – , qu’ après 13 ans de mise en application des Accords d’Arusha, ces derniers n’avaient jamais été réellement appliqués. Bref, actuellement, le Burundi vit une sorte d’ – effet placebo – où la majorité de la population pense qu’elle est au pouvoir alors qu’en réalité, elle n’y est pas institutionnellement. Le Burundi se trouve en situation anticonstitutionnelle de fait concernant :
- – son Administration – 85% des fonctionnaires sont TUTSI majoritairement HIMA contre 15% Hutu. Les Accords d’Arusha demandaient 60% HUTU contre 40% TUTSI car la population HUTU au Burundi est majoritaire à 85% ;
- – son appareil Judiciaire – , par ex. au niveau de la Haute magistrature 75% TUTSI tous BAHIMA contre 25% HUTU ;
- – et ses forces de défense et de sécurité , au niveau de l’Armée et de la Police, – 75% TUTSI majoritairement HIMA contre 25% HUTU.
Suite à ce constat, le paradoxe est que le Burundi vit encore sous domination institutionnelle des BAHIMA burundais “TUTSI”, à cause de la pression internationale – par bailleurs de fond interposés- qu’a exercé et exerce encore l’UPRONA ( ex-parti UNIQUE) avec sa société civile et ses médias, pour empêcher la mise en application des Accords d’Arusha permettant le changement des équilibres de la société désiré. Pourtant, ce sont les mêmes BAHIMA burundais ( représentés par l’UPRONA) qui demandent que l’on ne touche pas les quota ethniques des Accords d’Arusha dans la Constitution.
Aujourd’hui, bons nombres de Barundi (après l’évaluation faite) pensent qu’il vaut mieux supprimer ces quota ethniques institutionnalisés car ils sont mauvais pour l’évolution sociale du pays. Ils inculquent -la supériorité ethnique- comme les Loi sous l’Apartheid en Afrique du Sud avec leur – supériorité raciale –. Ces quota ethniques font des citoyens burundais ,des individus, qui ne sont pas égaux ( en Droit et en Devoir) devant la Loi.
La délégation de l’Union Africaine souhaiterait que le Burundi signe – la Charte africaine pour la démocratie, les élections et la gouvernance -. Le problème est que, tant que le Burundi conserve – ces quota ethniques des Accords d’Arusha -, sa Constitution sera antinomique avec la Charte africaine pour la démocratie, les élections et la gouvernance.
DAM, NY, AGNEWS, le 5 mai 2014