Ce Vendredi, à Bujumbura, le Conseil national des Bashingantahe (CNB) a animé une conférence de presse où il est revenu sur la problématique foncière. Des associations des victimes de période de la Dictature au Burundi dénoncent les prises de position politique du CNB. Le Conseil national des Bashingantahe se comporte comme une caisse de résonance de l’Uprona (ex- parti Unique au Burundi).
M. Balthazar Habonimana, président du CNB, sous-entend que l’Accord d’Arusha pour la paix et la réconciliation nationale avait prévu la mise en place d’un fond d’indemnisation pour aider les personnes chassées d’une propriété qui était celle d’un rapatrié ( ex-réfugié victime spoliée sous la Dictature ). Pourtant, lorsque l’on se penche sur l’Accord, on comprend aisément que ce fond d’indemnisation était prévu pour indemniser les victimes de la Dictature. Cette utilisation politique du Conseil des Bashingantahe par l’Uprona est de plus en plus condamnée au Burundi.
Des associations de victimes de la Dictature des Bahima burundais qui, en près de 40 ans, a fait plus de 4,5 Millions de victimes parmi les “Bahutu” Barundi, décrient le travail de cette institution du Conseil National des Bashingantahe créée en 2002 et financée par le Programme des Nations Unis pour le Développement (PNUD).
Autrefois sous la Monarchie Burundaise, à chaque niveau de l’administration du territoire, l’autorité (sous-chef, chef, roi) avait un corps de Bashingantahe qui étaient des conseillers adjuvants du pouvoir.
Aujourd’hui, le CNB est devenu le lieu de réunion des pensionnés ex- membres importants du parti UPRONA, pendant la dictature féroce des Bahima Burundais (Micombero, Bagaza, Buyoya).
En août 2002, après la création du Conseil National des Bashingantahe, l’agence de presse Net Press ( presse des Bahima burundais) expliquait que 51 personnes «choisies» par le Conseil national des Bashingantahe (CNB) pour être investies Bashingantahe étaient majoritairement des anciens Upronistes. L’abbé Adrien Ntabona, alors président du CNB, nia cette réalité… Pourtant, comme l’explique le professeur belge Reyntjens, les bashingantahe ainsi nommés incorporaient de moins en moins un idéal de vertus et de conduite : ils étaient avant tout « devenus des relais de l’UPRONA [le parti unique] et souvent même des indics de la Sûreté ».
M. Balthazar Habonimana, actuellement président du CNB, est une ancien Ministre de la jeunesse,du sport,et de la culture sous la Dictature Bagaza (en 1982). M. Zenon Nicayenzi, membre du CNB, est un grand bonhomme de l’UPRONA dont on connait aujourd’hui l’implication dans la nuit du 15 au 16 janvier 1965 dans l’assassinat de feu Ngendandumwe Pierre -premier ministre sous la Monarchie-. Cet assassinat avait été l’événement déclencheur pour le lancement du coup d’Etat des –anti monarchistes – de 1965 qui permettra l’instauration de la République des Bahima burundais. La biographie de nombreux d’entre les membres du CNB est assez édifiant en rapport à la Dictature …
Les accords de paix signés à Arusha en 2000 pour le Burundi avait sugéré « la réhabilitation de l’ordre d’ubushingantahe ». Et depuis 2005, le « Conseil National des Bashingantahe » est formellement reconnu par la Constitution. Mais il fait ombrage aux Conseils de colline ou de quartier, qui eux, sont constitués de membres élus démocratiquement par la population locale.
DAM, NY, AGNEWS, le 29 juin 2013