Bain de sang au Burundi

Dix personnalités politiques ont été exécutées de nuit dans le grand stade de Bujumbura
 
 “La Cité”, 1965

Dix personnalités politiques ont été exécutées de nuit dans le grand stade de Bujumbura

A la suite de la tentative de révolte militaire et des troubles qui ont sévis ces dernières semaines au Burundi, dix personnalités politiques ont été de mercredi 15 février 1965 exécutées dans la nuit de mercredi à Bujumbura après avoir été très rapidement condamnées à mort par un conseil de guerre.

Cela porte à cinquante-trois le nombre des personnalités militaires et civiles dont les exécutions ont été annoncées officiellement. Des nouvelles venues du Burundi. Les troubles auraient provoqué plus d’une centaine de mort.

Les victimes surtout des hutus

On n’a encore aucune nouvelle officielle ni certaine sur les responsabilités réelles et les formes revêtus par le ou les coups d’Etats ou révolte qui ont ainsi avorté. Mais presque toutes les personnalités exécutées appartenaient à l’ethnie Hutu. Les unes étaient des officiers formés à l’école militaire de Bruxelles ainsi que les gendarmes.
Les autres des dirigeants de la partie populaire et des organisations syndicales et sociales. Plusieurs d’entre elles étaient à la tête de l’assemblée nationale, bien qu’elles n’appartiennent pas toutes au même partie politique.
Si le partie populaire est principalement formé de Hutus, on en compte en effet autant et même plus encore dans le partie national de l’UPRONA qui compte également beaucoup de Tutsi. Mais le partie était très vite divisé. Aux dernières élections, les Hutus emportèrent la majorité au Parlement. Il faut rappeler que 85 % de la population du Pays est constitué de hutus.
Ce ne sont la que des constations sur lesquelles il faut attendre pour faire des commentaires plus avancés.

D’importants chefs Politiques

Parmi les dix personnalités exécutées mercredi au stade prince Rwagasore figure
M. Emile Bucumi, président de l’assemblé nationale, Hutu du partie UPRONA .
M. Mirerekano, premier vice ministre de l’assemblée nationale, ancien président de l’UPRONA,
Hutu a appartenant à la classe commerçante de Muramvya. Il militait dans l’UPRONA et pour le
Mwami dès avant l’indépendance. Mais il était d’autre part un véritable leader populaire. Il connut tour à tour des succès politiques. Il dut fuir un moment son pays. Il fut mis plusieurs fois un prison mais redevient encore président de l’UPRONA . Sa mort sera certainement ressentie douloureusement par les masses populaires qui lui vouaient un attachement réel.
M. Mayondo , 2e Vice président de l’assemblée nationale, Hutu de la région de Kayanza, militant du partie populaire,ancien dirigeant syndicaliste, figure également parmi les personnalités politiques exécutées.
Ainsi que M. Ntimpirangeza, président actuel du parti populaire et qui, au cours de la dernière année avait été victime de deux attentats de la part de tutsi pro-chinois.
M.Burarame, ministre de l’économie, est aussi parmi les exécutés.
M.Neahoruri ,ex-ministre de l’éducation national, également Hutu , est ,quand à lui condamné à la détention à perpétuité.
Enfin M. Bamina, ex-premier ministre du dernier gouvernement nommé par le Mwami,est toujours détenue aux fin d’interrogatoire. M.Bamina se livrait dans le passé à des activités d’ordre éducatif et religieux et d’autres parts était attaché à la cause du Mwami et de son fils le prince Rwagazore. Il accompagnait notamment ce dernier dans ses déplacements lors des pourparlers pour l’indépendance. Il faisait partie du parti royaliste UPRONA mais ne pris une part active et extérieur à la vie politique que depuis environs deux ans .Il travaillera dans l’entourage du Mwami dont il était un homme de confiance et, par lui, nommé premier ministre lors d’une précédente réforme du gouvernement, mais il est également Hutu .Est ce à cela qu’il faut attacher sa disgrâce et les soupçons dont il objet aujourd’hui.

Quoi qu’en soit, on observera que l’élimination politique de l’adversaire ou censé l’être, semble être devenue la loi au Burundi depuis l’accession du pays à l’indépendance. La violence entraîne la violence…

AGNEWS 2006

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