A Bujumbura, dans les locaux de l’Institut français du Burundi (IFB), samedi 24 septembre 2016, M. Emile Kwizera, un artiste burundais, est venu présenté -Ingoma y’Uburundi – soit – Le Tambour sacré du Burundi -.
M. Emile Kwizera explique : « Le tambour burundais présente presque les mêmes parties que celles de la femme. C’est pour cette raison qu’il est strictement interdit aux femmes de battre le tambour, car ça serait une façon de se battre elles-mêmes ». Il poursuit en disant que la peau qui couvre le tambour s’appelle « icahi » c’est à dire le reste des habits usés que les femmes traditionnelles utilisaient pour couvrir leurs bébés pendant la réclusion maternelle.
M. Emile Kwizera dit qu’à l’époque du Royaume millénaire du Burundi – Ingoma Y’Uburundi – [ http://burundi-agnews.org/histoire_du_burundi.htm ], on battait le Tambour à des moments appropriés.
Ensuite, M. Emile Kwizera ajoute que chaque Tambour, selon sa fonctionnalité, avait un nom. Par exemples : – Rukinzo accompagnait le Mwami ( ou roi) dans ses déplacements; – Karyenda grondait pour la fête des semences (Umuganuro) ; et – Nyabuhoro appelait à la Paix. Les noms des tambours étaient souvent celui des vaches auxquelles on avait pris la peau pour habiller le Tambour. Par exemples, Murimirwa et Ruciteme étaient les noms des 2 Tambours donnés par le Mwami Mwezi Gisabo au Mutabazi ( sauveur de la Nation ) Bihome. Murimirwa et Ruciteme étaient les noms des 2 vaches qui avaient donné leur peau. Ces 2 Tambours habitent aujourd’hui sur le lit du sanctuaire des tambours à Gishora en province Gitega (centre).
Enfin, M. Emile Kwizera termine en disant que dans les musiques profanes, le danseur suit le rythme de la musique, donc la musique précède la danse. La particularité du Tambour Sacré des Barundi, le batteur suit le rythme du danseur. Comme si le batteur crée à chaque battement l’espace où le danseur peut se poser …
Au Burundi, le Tambour Sacré des BARUNDI est devenu seulement le samedi 26 avril 2014, “Patrimoines culturels et immatériels de l’humanité”, inscrit à l’UNESCO.
Faisons une petite parenthèse, revenons un peu à notre Histoire … Autrefois c’était l’institution des BAHANUZI [1] , disparue en 1925, avec l’assassinat par les colons Belges du dernier des BAHANUZI, Kanyarufunzo Runyota, qu’était centralisée tout le savoir COSMOLOGIQUE ( Scientifique ) et COSMOGONIQUE ( Mythologique ) des BARUNDI. A chaque MWAMI était associé un MUHANUZI. Découvrons ensemble un bout de ce savoir concernant le TAMBOUR SACRE des BARUNDI :
– Selon la croyance des Barundi, comme dans celle des Africains en Générale, le levée du soleil, entre le premier chant du coq et le dernier de la matinée signifiant que la journée commence car le soleil ou le jour est là, les ancêtres sont présents, ressuscités parmi les morts ( la résurrection [2] ). Il est loisible pour tous ceux qui se lèvent à ce moment de parler à leurs ancêtres défunts et de poursuivre la conversation le jour suivant à la même période. Ainsi chez les BARUNDI, le Tambour battait pour annoncer le début de cette journée mais aussi la fin. C’est à dire bien confiner le cycle solaire… Le monothéisme chez les Barundi est cosmologique. IMANA ou DIEU ( le X inconnu de l’équation mathématique du 1er degré ) est le créateur du COSMOS ou de l’UNIVERS. Le SOLEIL lui appartient.
– L’UNIVERS ou le COSMOS,dans cette région des Grands Lacs africain, est conçu par des vibrations [3]. Les BARUNDI partagent cette même COSMOGONIE. Chez les BARUNDI, le Tambour est l’instrument sacré qu’IMANA / DIEU a crée pour mettre en place l’UNIVERS ou le COSMOS. Le Tambour Ingoma émet un type de vibrations [4]. Ainsi chaque Territoire ou Patrie ( Burundi ) est mise en place par le Tambour. Le Mwami (Roi) veillera sur ce Territoire, Espace ou Burundi mis en place par le Tambour. Le Mwami est lié à un Tambour. En Kirundi, le Tambour ( Ingoma ) a la même signification de le Royaume ( Ingoma ). Le Royaume Ingoma qui est le Territoire ou l’Espace où règne le MWAMI.
– Chez les BARUNDI, le MWAMI règne sur cette ESPACE ( territoire, Burundi ou Patrie ) mis en place par les vibrations d’INGOMA ( du TAMBOUR ). C’est dans la Région des Grands Lacs africain qu’est né l’HOMO SAPIENS SAPIENS ( l’Homme moderne actuelle ) vers 200 000 Av. JC. Ces Hommes ( ABANTOU ) habitaient sur cette ESPACE ( BURUNDI ) qui était la TERRE / Le territoire.
Les BAMI / ROIS BARUNDI portaient une crinière de LION sur la tête : Symbole du NIL. La source du NIL est au BURUNDI. Ainsi les BARUNDI partagent la même COSMOGONIE que tous les Peuples nilotiques. C’est à dire les Peuples habitants autour du Fleuve NIL. Il s’agit d’une terminologie géographique.
– Les BAMI / ROIS BARUNDI s’habillaient d’une peau de LEOPARD ou KONGO. Les BARUNDI partagent la même COSMOGONIE que le Peuple CONGO. C’est à dire grosso-modo les Afriques du Centre et du Sud.
A chaque début de règne d’un MWAMI, les ELEPHANTS c’est à dire les Hommes de la forêt ( appelé aujourd’hui Pygmée, TWA etc. ) plantaient un arbre que l’on appelle IBIGABIRO [5] ( un arbre mémoire ).
Pour les BARUNDI, sous la supervision d’IMANA, les vibrations d’INGOMA, créant un Espace ou un Territoire où règna KIRANGA ou RYANGOMBE, ont permis ABANTOU ( LES ETRE HUMAINS ) de commencer leur voyage ( LA MIGRATION DE L’HOMME ) à partir du lieu des LEOPARD ( KONGO – Espace commençant au SUD de l’Afrique allant jusqu’au Centre de l’Afrique et des Grands Lacs Africains ) en suivant les LIONS tout au long du NIL. Ce Chemin ou route emprunté et parcouru par les ELEPHANTS était parsemé de – BIGABIRO – de grands arbres mémoires.
Voilà l’importance d’INGOMA du TAMBOUR SACRE dans la COSMOLOGIE et dans la COSMOGONIE des BARUNDI. INGOMA est perçu comme un instrument d’IMANA …
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[1] Charles BARANYANKA, Burundi Face à la Croix et à la Bannière, 2009 – La Dynastie des Bahanuzi – 1/ https://www.youtube.com/watch?v=F2cXusjsjGA ; 2/ https://www.youtube.com/watch?v=n4dEMVWzgPA ; 3/ https://www.youtube.com/watch?v=CqNPOUB27Mw&gl=BE ; 4/ https://www.youtube.com/watch?v=bQu6iyHZMx8 ; 5/ https://www.youtube.com/watch?v=8wl0bj49G5s ]
[2] Cfr. Nioussérê K. OMOTUNDE, Consmogénèse Kamite Tome 1, ed. ANYJART, 2015.
Le Livre de la Résurrection ou Bible des Noirs est le tout 1er Texte Sacré au Monde où l’on atteste la révélation d’ IMANA / DIEU à l’Homme ( ABANTOU ). Ce Livre ancestral rassemble l’ensemble des Textes Sacrés Kamits ( Africains ) :
– Les Textes Sacrés des Pyramides ( – 2800 av.Jc ); – Les Textes Sacrés des Sarcophages ( – 2500 av.Jc ); – Le Livre des lois ; -Le livre des 2 chemins ou le Livre de la Douat; – Les Litanies de RÊ ; – Les Ecrits des Sages Kamits [ 1/ Les Enseignements de Ptahhotep (- 2600 av.Jc) ; 2/ Le Traité du savoir vivre de Kagemni ( – 2500 av.Jc ); 3/ L’Enseignement pour Mérikare ( – 2120 av.JC ) ; 4/ L’Avertissement d’Iouper ( – 2160 à – 1785 av. JC) ; ] ; 5/ L’Enseignement d’ Amenemhat à son fils Sésostris 1er ( – 2000 av.JC ) ; 6/ Le Traité de sagesse d’Aménémopé ( – 1280 av-JC) ; 7/ Les Maximes d’Any ( – 1298 av.JC ) ; et Le Livre de Sagesse de Pétosiris ( -341 ans av.JC ); etc. ]
[3] Nsaku KIMBEMBE, Confins spirituels du KONGO ROYAL Tome 1, ed. Cercle – Congo, 2010
[4] Observatoire de Paris , Comment Vibre le Tambour Cosmique ? – 1er janvier 2003 [ https://www.obspm.fr/comment-vibre-le-tambour-cosmique.html?lang=fr ]
[5] Léonidas NDORICIMPA et Claude GUILLET, L’Arbre Mémoire Traditions orales du Burundi,ed. KARTHALA C.C.B, 1984
DAM, NY,AGNEWS, le mercredi 28 septembre 2016