D’après M.Gabriel Toyi, chef de cabinet du vice-président du Burundi,  S.E. Rufyikiri Gervais,  la filière caféicole joue un rôle socio-économique important au niveau national. Le café est la première culture d’exportation. L’an dernier, elle a contribué à 65% des recettes en devises…
Selon l’ONG burundaise Adisco, l’exportation du café  constitue “la principale source de revenus pour près de 750 000 familles, soit près de 55% de la population burundaise.”  Bref, cette filière café  constitue le principal tissu industriel du Burundi. C’est à dire 145 stations de dépulpage et de lavage du café (SDL)  et 4 usines de déparchage … La filière café est le premier secteur du programme de coopération bilatérale, avec la Belgique, doté d’une enveloppe de 49 millions d’euros pour la période 2010-2013.

Comme l’explique Adisco :  ” Le café est longtemps resté contrôlé par l’Etat qui a décidé en 2005 d’en transférer la propriété aux caféiculteurs représentés par la Confédération Nationale des Associations des Caféiculteurs du Burundi (CNAC). Le prix au producteur s’améliore sensiblement à partir de cette date jusqu’aujourd’hui.  Mais la Banque Mondiale par différents forcings – conditionnalités pour l’aide budgétaire ou pour les programmes de gratuité des soins de santé des enfants de moins de cinq ans – oblige le gouvernement à privatiser la filière en vendant le tissu industriel à des groupes étrangers. L’appel d’offres est lancé en 2009 et le Groupe suisse WEBCOR se voit attribué 13 SDL au prix dérisoire de 80.000 USD  la station et en violation des lois sur la privatisation au Burundi. WEBCOR a choisi dès sa première année de payer les paysans 40% moins cher que les autres acteurs et la région où est implantée cette entreprise est aujourd’hui au bord de l’implosion.   Malgré différentes protestations de la CNAC : Lettres aux plus hautes autorités de l’Etat, action en justice, émissions radio, ateliers où les responsables promettent d’engager le dialogue avec les caféiculteurs, le Gouvernement sur pression de la Banque mondiale se prépare à lancer un nouvel appel d’offres sans tenir compte de l’avis des caféiculteurs et des échecs de la première phase de privatisation (le prix le plus bas du reste des acteurs)”.

Le gouvernement  burundais  rassure … Selon les ministres  M. Jeans Baptiste GAHIMBARE en charge de la bonne gouvernance et  Mme Odette KAYITESI chargée de l’agriculture et de l’élevage, les caféiculteurs ne devraient pas se lamenter car  l’Etat  leur  attribue  25%  de représentativité  dans les organes dirigeantes dans les stations de lavage et de dépurchage du café.  Dans ce sens,  le nouveau projet de privatisation de la filière café  est conçu avec les représentants des caféiculteurs.
Les sociétés Supremo et Altimo, en collaboration avec l’Interbank Burundi, ont organisé, il y a quelques mois, un séminaire sur la privatisation de la filière café burundais, tentant d’encourager des investisseurs burundais…  M. Toyi Gabril, invité à cette occasion, avait fait savoir que le gouvernement burundais ne ménagera aucun effort pour favoriser les investisseurs qui veulent travailler sur le territoire burundais… Il avait  profiter pour  pousser les caféiculteurs  burundais à  travailler main à main avec des opérateurs privés.
Cette poussé exercée par le Banque mondiale pour contrôler l’exportation du Café du Burundi inquiète les observateurs économiques burundais avisés  !  La vente des stations aux multinationales extérieures n’est pas une simple affaire …  “Après ce sera le Nickel  puis  le Pétrole  burundais”, disent -ils !  “Jusque quand les Barundi n’auront plus rien à eux et qu’ils seront totalement dépendants”… Alors que le Burundi essaie de diminuer sa dépendance budgétaire étrangère, afin de s’assumer pleinement. Voilà que les puissances financières peu à peu commencent à lui dicter ce qu’il doit faire. Ce débat  mérite une attention particulière car il prévient les politiciens burundais à ne pas faire des choix non réfléchis sur ces sujets contemporains… Le Café, c’est 65% des recettes nationales. Un indicateur qui a lui seul  favorise ou non  la croissance économique du pays.  Avec les bruits qui courent, grâce à des associations comme Olucome et autres, le taux d’intéret des prêts financiés burundais  sont trés élevés. Dans un futur proche, il ne sera plus possible de faire des emprunts…  L’Etat n’aura pas d’argent pour payer  ses fonctionnaires, son système éducatif, la santé, les transports etc.   Les étrangers vont ainsi prendre le contrôle du pays.  Puis comme  la Grèce qui vient de perdre son premier ministre, ainsi que l’Italie, à cause de ces forces de l’ombre du nouveau monde globalisé qui dictent leurs lois. Au Burundi,  ce ne sera plus au peuple Rundi  de choisir ses dirigeants … Car “Peu à peu les états -nations- vont disparaître, et les oligarchies prendront le pas sur les démocraties”, comme le dit Stephane Hessel. Aux Barundi d’être vigilant sur ce genre de questions hautement géostratégique et qui engage hautement le futur du pays.

En conclusion,  il ne faut pas que cette privatisation de la filière café met en péril  l’agriculture paysanne et la souveraineté alimentaire des Burundais.

DAM, NY, AGnews, le 18 novembre 2011.
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