{jcomments on} DAM,NY, AGNEWS, le 8 Mars 2010 – A l`occasion de la sortie de son nouveau livre, Les Trésors des Albinos (Editions du Pangolin, Huy), l`écrivain Daniel KABUTO (qui vit et travaille à Bujumbura) a l`honneur de vous inviter à une conférence qu`il va animer à Bruxelles en date du 27 mars 2010 au Centre Jacques Brel.

 

Lieu : L`auberge de Jeunesse Jacques Brel

Rue de la Sablonnière 30

1000 Bruxelles

C`est tout près de la gare centrale, métro Arts Loi et Botanique

Date : le samedi 27 mars 2010

Heure : de 15 à 17 heures

Prix du livre : 20 euros (pour 242 pages)

Contact : danielkab@hotmail.com


Vous avez dit les Trésors des Albinos ?

La photo sur la couverture du livre peut induire en erreur. Le livre ne porte pas que sur le drame des Albinos. Il s`agit essentiellement de réflexions sur les valeurs qui pourraient transformer l`homme Noir de l`Afrique sous développée pour en faire un bâtisseur consciencieux : lui donner les armes pour comprendre les ruses du destin humain. Mission trop ambitieuse, diriez-vous ! D`où cette invitation à en discuter.

Les Rwandais et les Burundais qui ont vécu au Rwanda (spécialement dans la région du Mutara) y découvriront bien des révélations sur la longue marche des réfugiés burundais vers la dignité. Sachez d`avance qu`il s`agit d`un essai aux allures romanesques.

 

Extrait du livre « Les Trésors des Albinos » : (…)

– Et quand est-ce que l`Afrique va se réveiller ?

– Avec l`appui des pays émergents. Les règles du jeu mondial vont changer et les partenariats vont remplacer les gageures. Pour défendre sa prospérité, l`Europe devra cesser de protéger les manitous et les marionnettes à la tête des Etats africains.

– Pourquoi penses-tu que les chefs d`Etat soient des marionnettes ?

– Il y a souvent des mascarades d`élections que l`Occident cautionne. Quand le peuple proteste et se révolte, les despotes mettent les bidonvilles à feu et à sang.

Pour rétablir l`ordre, les bandits aux mains souvent maculées de sang s`installent aux commandes et pillent la république. On dit que ce sont des marionnettes car l`Occident déroule des tapis rouges !

Je ne te crois pas. L`Europe milite pour les droits de l`homme et ne peut jamais faire ça ! Vous devez plutôt mieux vous organiser et élire les gens responsables.

– Tu sais, entre les Etats, il n`y a que les intérêts ! Quand un Chef d`Etat défend les intérêts des Occidentaux, ses crimes passent pour des peccadilles et s`il est par contre en disgrâce, l`Occident s`acharne contre lui, le diabolise et monte des plans pour l`écarter démocratiquement ou violemment du pouvoir. De toute façon, les dictateurs finissent mal car les révolutions naissent dans les cœurs des opprimés.

– Veux-tu être un révolutionnaire ?

– Tu m`as déjà dit que l`indépendance exige des sacrifices. Qui sait si en étudiant et en travaillant avec les gens indépendants je ne vais pas changer et ne plus réagir comme un Nègre sans vision ?

– Tu peux vivre et réagir comme les Occidentaux. C`est une question de volonté.

– Je ne serai jamais Blanc mais non plus le même Noir. Je deviendrai probablement un Albinos !

– Tu veux changer la couleur de ta peau comme Michael Jackson ?

– Non. Je parle d`un homme qui n`est ni blanc ni noir parce qu`il détient des trésors hors du commun. Il a transformé sa nature grâce aux valeurs des horizons divers.

– Si je peux faire quelque chose pour que tu réalises ton rêve, n`hésite pas !

– Allons chercher le vélo pour le moment. C`est aussi un moyen de valoriser cette autre connaissance. J`ai appris à rouler à vélo très jeune mais cela fait bien des années que je n`y étais plus monté. A l`école secondaire, j`écrivais des poèmes qui étaient très appréciés par mes camarades et mes professeurs. Mais j`ai enterré ce talent. J`ai pratiqué le football et le basket-ball pendant une longue période avant d`abandonner pour n`honorer que Bacchus ! Mais vous les Occidentaux, vous avez une certaine fidélité à vos passions. C`est ça le secret de votre réussite ?

– Le secret de la réussite, c`est l`amour du travail et une bonne méthode. Il faut persévérer. Beaucoup d`Africains sont talentueux mais oublient que pour être professionnel, il ne faut jamais baisser les bras. Il faut exiger sans cesse de son cerveau et de son corps. Il faut aimer, chérir et porter toujours plus haut ses passions. Elles vous portent enfin.

– Je compte sur toi pour convaincre les autorités de m`accorder un permis de travail !

– Il y a toujours la voie là où se trouve la volonté !

Depuis ce jour, Mahanga avait changé mentalement. Il avait découvert les avantages d`une bonne organisation. Au lieu de vider une bouteille de vin d`origine contrôlée chaque soir, un seul verre lui suffisait car il avait besoin d`être lucide pour préparer sa contribution au travail en groupe.

Grâce surtout au boulot d`intérimaire clandestin dans un supermarché, l`apprentissage de la langue néerlandaise s`était amélioré. Il s`enrichissait de proverbes et expressions ; il découvrait les avantages de la modestie du peuple hollandais.

Rouler à vélo était utile à son organisme mais surtout permettait d`épargner tout en protégeant l`environnement. Avec les économies, il avait pu s`offrir un laptop tout en finançant les études d`amis restés au pays. Il en avait décousu avec les fins du mois difficiles et se jurait d`ouvrir une librairie une fois rentré au pays.

Alors que le changement lui faisait peur au départ, Mahanga avait découvert les méfaits de l`enclavement des mentalités. Il regrettait l`enseignement classique et souhaitait que les générations futures démarrent plus tôt l`enseignement dit pragmatique. Il souhaitait que son pays d`origine recouvre la paix car une guerre civile ravageait le pays et le président de la république issu d`un putsch avait entassé des milliers d`êtres humains dans des camps de concentration qualifiés pudiquement de camps de regroupement. Les embuscades sur les axes routiers, les purges dans les écoles, l`hécatombe dans un séminaire catholique comme du temps des

martyrs d`Ouganda, la misère et le désespoir avaient transformé le pays en jungle pestilentielle.

Mahanga fut tout de même heureux de terminer ses études avec la mention « ***** laude » et se hâta de regagner les pénates. Entre temps, les accords de paix conclus sous l`égide de l`initiative sous régionale, de l`Union Africaine et de l`Organisation des Nations Unies avaient permis d`organiser des élections et d`imposer le verdict des urnes.

La paix était loin d`être totale surtout qu`un mouvement rebelle semait encore la terreur dans une partie non négligeable du pays et que les armes détenues par les populations facilitaient le banditisme, la criminalité sur fond de conflits fonciers. Des pressions s`exerçaient sur les dirigeants du dernier mouvement rebelle et sur le gouvernement pour enterrer la hache de la guerre, intégrer les combattants dans l`armée nationale, la police et l`administration. Certains diplomates occidentaux tablaient sur une success story burundaise.

L`espoir était solide car les caciques des dictatures militaires d`hier et les vainqueurs des élections cohabitaient et se partageaient le pouvoir. Mahanga était convaincu que les Burundais n`allaient plus vivre les moments trop douloureux comme les oraisons funèbres qui avaient fait couler des flots de larmes lors des obsèques du président Melchior Ndadaye. Il se disait qu`ils allaient enfin tirer la leçon de l`oraison funèbre prononcé par Pierre Ngendandumwe aux obsèques du Prince Louis Rwagasore : « Il a dit non à l`injustice ; montré la voie du peuple murundi. Il est mort parce qu`il voulait l`unité. Ceux qui l`ont assassiné désiraient la désunion, la haine et au bout du processus, le sang des innocents. Le plan est familier : on supprime d`abord la personne qui gêne, puis on plonge le peuple dans le sang. »

Pourquoi cela s`était-il reproduit en 1993? Pourquoi tant d`assassinats politiques et tant de héros sans rue commémorative, aéroport ou amphithéâtre?

L`espoir était solide et les monuments en l`honneur des présidents de la république, des membres du bureau de l`assemblée nationale et du gouvernement assassinés depuis l`indépendance étaient à ériger en ville et à travers le pays. Le malheur des uns offrirait quelque bonheur, des emplois aux architectes et aux maçons !

L`espoir était solide car la démocratie garantissait la liberté d`expression et d`association même si les faucons d`hier étaient loin de jouer franc jeu mais utilisaient plutôt les associations dites de la société civile pour déstabiliser le régime, dénigrer les efforts louables de reconstruction et lancer à tout bout de champ la sonnette d`alarme.

Toutefois, Mahanga était d`avis que les chefs d`Etat du tiers monde étaient encore à plaindre car, n`étant qu`hommes, c`est-à-dire faibles et imparfaits, ils avaient à gouverner une multitude d`hommes corrompus et trompeurs. Il disait à la nouvelle équipe aux affaires de se souvenir des deux choses pernicieuses dans le gouvernement des hommes auxquelles on apporte presque jamais de remède : l`autorité injuste et violente, et le luxe qui corrompt les mœurs. »

Daniel KABUTO, écrivain.

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