Qu'est qui se cache derrière la chasse au sorcière vis à vis de la loi d’exonération des parlementaires et  autres mandataires politiques ? En tous cas, le gouvernement, face à la pression de certains bailleurs de  fond (attisés par les revendications des organisations de la société civile burundaise des -enfants de la Dictature- engagées dans une campagne contre la cherté de la vie ), a déjà  mis sur table un projet de loi qui prévoit un prélèvement de 10 % d’Impôt Professionnel sur la Rémunération (IPR) (1) pour les mandataires politiques concernés… Malgré cela, ces organisations lancent, pour une deuxième fois, une -grève générale- cette fois pour Mardi … M.Raymond Ndayisaba, sociologue burundais,pense que, au lieu de toucher à l'IPR, l'abolition des quota ethniques au Burundi augmenterait  radicalement le niveau de vie de tout les citoyens de manière rapide. 


smiley Qui ne paye pas l'IPR au Burundi ?
– le président du Burundi [les deux vice-présidents du Burundi + les conseillers principaux] ;
– les présidents et les vice-présidents des deux chambres du Parlement , les parlementaires (députés et sénateurs) [les chefs de Cabinet des présidents des deux chambres du Parlement, et conseillers aux différents cabinets du Parlement];
– les membres du gouvernement, les chefs de cabinet ministériel [les conseillers principaux].


L’observatoire de l’intégrité de la société civile Burundaise (OBISOC) pense, avec justesse, que les revendications de la société civile et syndicats contre la détérioration des conditions de vie de la population sont fondées. Toutefois, l’OBISOC, recommandant au gouvernement de bien analyser les revendications des "grévistes de Mardi ", demande à ces organisations de la société civile burundaise de résister à toute tentative de distraction et sollicitation partisane.  Elle redoute une récupération politique  derrière …  Me Armel Niyongere, président de l’OBISOC demande au gouvernement l’exonération des  taxes sur les produits vivriers dont le riz, le haricot et le Maïs pour permettre à la population d’avoir facilement de quoi manger.
Les syndicats des enseignants SYPESBU (Syndicat Indépendant du Personnel de l’Enseignement Secondaire  du Burundi) et SEEPBU (Syndicat des Enseignants des Ecoles Primaires du Burundi) tenaient ce semaine une conférence de presse en vue d'éclaircir l'opinion. Les deux syndicats ne sont pas sur la même longueur d'onde que les autres confédérations syndicales et organisations de la société civile (issues – des enfants  de la Dictature des Bahima burundais – ) [ COSYBU et CSB, les Collectifs FORSC, OAG et CPAJ, OLUCOME, ABUCO, PARCEM, FORUM INTER-UNIVERSITAIRE, FOCODE, I J C I , REJA, CCI /LCBU, ACAT-BURUNDI] qui elles sont engagées mardi pour une grève contre la vie chère. SYPESBU et SEEPBU souhaitent la mise en place d' un conseil de dialogue social avec le gouvernement : « Nous ne voulons pas que ceux qui ont préféré la voie du désordre incitent les nôtres (nos sympathisants) à les soutenir dans cette voie qu’on admire pas ». SYPESBU et SEEPBU rappellent au gouvernement burundais qu'il s’était engagé à mettre en place cette organe au cours des Etats généraux de la société civile en Octobre dernier.
Un membre de la SYPESBU, qui a souhaité demeurer anonyme, s'explique : "Nous sommes contre la manifestation car on connaît qui se cache derrière ces revendications … Certains sont jaloux de la participation financière importante des parlementaires (députés et sénateurs) et des autres mandataires politiques (qu'ils appellent -dignitaires-) dans la vie économique locale burundais. Dans les collines, on vit maintenant ! De 2005 à 2011, le PIB/Habitant est passé de 85 USD à 400 USD par Habitant. Nombreux parmi ces parlementaires et mandataires politiques financent le développement dans les collines et communes chez eux. Parler de dignitaires, c'est trop vite dire ! Et puis pourquoi ces – enfants de la dictature – ne manifestent pas – contre les quota ethniques – qui sont à la base de l'injustice sociale au Burundi ? Nous ne sommes plus sous la Dictature où leurs parents -dignitaires- n'avaient aucun compte à rendre à personnes… Non! Ils cherchent à remettre en cause toute la politique de développement qui se mène actuellement au pays … Si on supprime les quota ethniques au Burundi, le PIB/Habitant et aussi la croissance seraient assez élevée. Ces quota sont un frein social. Au début, il était compréhensible qu'on ait laissé les quotas en place car ce sont les bailleurs de fonds (surtout les Français et les Belges) qui payaient (ce sont leurs amis). Aujourd'hui, comme ce sont les Barundi qui payent de plus en plus, il est hors de question que les Bahutu Barundi travaillent et paient pour ceux qui ont tué leurs parents …"

M.Raymond Ndayisaba, sociologue installé récemment à Bujumbura, tente d'éclaircir "le non dit" dans cette  lutte désormais présente au sein de la société civile burundaise …
– M. Ndayisaba rappelle : "Le Burundi sort, à l'avantage des -démocrates- Bahutu Barundi, d'une décennie de guerre civile, qui clôture une des dictatures les plus sombres et sanglantes du 20ème siècle. La dictature des Bahima Burundais (Micombero, Bagaza, et Buyoya), c'est près de 4.5 Millions de victimes Bahutu Barundi (Batutsi et Baganwa compris) en 40 ans de règne …
Les Bahima burundais (en l'occurrence le dictateur Buyoya) se sachant perdus, à cause de la résistance populaire née lors de l'assassinat de Feu Ndadaye en octobre 1993, se mettent à penser un système institutionnel (non démocratique) qui leur permettrait de rester accrocher au pouvoir, avec quelques unes de leurs avantages, pour ne pas être poursuivi pour le Génocide occasionné vis à vis des Bahutu Barundi. En 1996, USAID octroie une subvention à la – Fondation – du dictateur BUYOYA avec laquelle les Bahima réalisent une étude institutionnelle (2) qui leur permettent de continuer à régner en cas de défaite militaire et surtout à s'imposer politiquement lors de futurs négociations. Cette étude mettra en exergue pour la première fois des -quota- ethniques HUTU/TUTSI avec des proportions 50/50.( Ici il faut comprendre TUTSI égale BAHIMA. Attention le côté vicieux (3) est que sociologiquement au Burundi les Bahima ne peuvent être assimilés aux TUTSI qui représentaient généralement des familles de notables Barundi issues majoritairement des grandes familles (clan) HUTU, souvent descendants de la dernière dynastie des BAGANWA. N'oublions pas que l' Urundi -le Burundi- était un des plus anciens royaumes millénaires en Afrique. Il s'est éteint en 1966 par le Coup d'Etat militaire des Bahima dont Michel Micombero …).
En plus du système des quota, les Bahima proposeront des scrutins de type – proportionnel- en lieu et place des -majoritaires-. (Dans les grandes démocraties occidentales USA / FRANCE / UK, ce sont les scrutins majoritaires qui sont prônées. Ils permettent des institutions fortes pour prendre des décisions rapides. Par exemple dans le cas du Burundi, cela aurait été l'idéal pour la reconstruction du pays à la fin de la guerre.) La proportionnalité favorise la mise en place de coalitions gouvernementales et surtout la mise en exergue de petites formations politiques dans les rouages de l'Etat alors qu'elles ne représentent pas grands choses. Elle permet la présence des minorités au sein de la classe politique. La protection des minorités politiques était ainsi assurée par ces deux systèmes- Quota ethnique et Proportionnalité -.  Ce n'est pas fini ! Ils ont proposé que l'on dédouble des postes politiques. Par exemple un vice Hutu et un autre Tutsi (sous entendu un Muhima) etc.  Ce qui est trop coûteux pour un pays qui sort de guerre comme le Burundi ! Mais cet ajout assure une place de caviar à cette minorité déjà blindée par les deux systèmes évoqués plus haut.  Ce travail institutionnel sera la base de la Constitution des Accords d'Arusha en 2000 qui seront signés , sous l'oeil de Mzee  Nelson Mandela, sans les protagonistes réelles sur le terrain. C'est à dire les rebelles CNDD/FDD (qui étaient de loin les plus représentatifs et les plus forts) et du FNL-PALIPEHUTU -. Or  ce sont ces deux mouvements qui détenaient le véritable rapport de force national vis à vis du pouvoir putschiste (1996) du dictateur BUYOYA. Par ailleurs, on le voit aujourd'hui, le pouvoir au Burundi est au main d'une coalition politique menée par CNDD-FDD. Le dictateur Buyoya, à Arusha, profitera de cette absence pour imposer sa Constitution des Bahima comme celle du Burundi… Dès lors, elle sera soutenue par la Communauté internationale."
– M.Ndayisaba explique : "Le problème comme l'OLUCOME l'explique n'est totalement pas adapté à la société burundaise… La question de l'IPR en occident n'est pas la même qu'au Burundi… Et puis l'Etat burundais a déjà un projet de loi en route. Ce n'est plus une question ! Il faudra seulement réajuster les 35% d'IPR burundais à celle de Communauté Est Africaine (EAC) qui tourne autour des 30%, et aussi voir comment harmoniser les salaires chez les fonctionnaires. Le gouvernement est actuellement dans cette voie. Ainsi, le non payement de l'IPR, par ceux que OLUCOME appelle les -dignitaires-, participent d'une certaine façon à favoriser la création d'une classe moyenne éparpillée dans toutes les provinces et communes du Burundi. La majorité de gens dont l'OLUCOME voudrait imposer l'IPR (surtout au niveau parlementaire) sont pour l'essentiel de nouvelles jeunes personnalités qui rentrent dans la vie politique burundaise. Ils étaient issues de familles pauvres mais travailleuses… La plupart étaient des enfants des collines ou paysans à l'intérieur du pays. Ils entretiennent des centaines voir près d'un bon millier de personnes. Parfois, ce sont ces jeunes gens qui permettent à des familles dans des collines d'envisager prendre le premier -micro crédit – de leur vie (en les parrainant), afin de commencer une activité commerciale ou agricole. Les – enfants de la Dictature – (pour la plupart casernés à Bujumbura) doivent être conséquent et expliquer pourquoi aujourd'hui ils s'intéressent à la question de la faim au Burundi. Par ailleurs, on ne les voit jamais aux travaux de développement communautaire…"

M.Ndayisaba conclut : " Le Burundi est à nouveau une démocratie depuis 2005 (petit intermède démocratique entre juin et octobre 1993). Le piège des – Quota ethniques – est flagrant. Les – enfants de la Dictature -, et le tandem OLUCOME – FORSC en tête, dénoncent la cherté de la vie. Ils souhaitent que le Régime Nkurunziza fasse comme en occident (en récession)… C'est à dire prendre des mesures dont notamment mettre une fin aux exonérations fiscales de certaines personnalités politiques …
Ce n'est pas juste de poser la question comme cela ! Il faudrait plutôt aller dans le sens suivant pour, de manière radicale baisser la cherté de la vie pour chaque citoyen burundais :
– Premièrement il faut plutôt exiger comme on l'a fait en RDC Congo et ailleurs, que l'argent spolié injustement pendant la dictature puisse être rapatrié. Les richissimes personnalités qui se sont fait des fortunes pendant cette période noire (la Dictature) du Burundi doivent passer à la caisse ;
– Deuxièmement, c'est impératif de sortir du Piège des Quota ethniques des Accords d'Arusha. Par ailleurs, on commence petit à petit à en mesurer les conséquences et les aspects pervers. Ce sont les Bahutu Barundi majoritaires au Burundi qui vont en pâtir les premiers. Car la richesse actuelle du Burundi est partagé en 60/40 depuis 2005 ( les quota ethniques ont été revisités avec l'arrivée du CNDD/FDD en novembre 2003 -Accord de Cessez le feu -). Mais c'est toujours inégale ! Pour bien comprendre, l'UPRONA est le parti politique qui représente les BAHIMA au Burundi. Lors des élections démocratiques de 2005 et de 2010, cette formation politique n'a récolté qu'entre 6,25% et  7,2% des suffrages. Afin de mieux comprendre l'injustice des quota, 40% des richesses du Burundi sont donnés légalement à moins de 8% de la population burundaise (majoritairement déjà favorisé sous la Dictature). Alors que en même temps 60% sont partagés par 90% des citoyens Bahutu Barundi … OLUCOME et sa bande syndicale qui souhaitent manifester Mardi ne peuvent pas convaincre tant qu'ils ne s'attaquent pas à ces deux points. Si les temps sont durs aujourd'hui, c' est d'abord pour les Bahutu Barundi qui doivent se partager 60% alors qu'ils représentent 90% de la population. Les Bahima, au regard des organisations – des enfants de la Dictature- , s'amusent et rigolent (car pour eux qui bénéficient de 40% des richesses alors qu'ils ne représentent que moins de 8% de la population burundaise, le ressenti de la crise mondiale est moindre). Quant aux Bahutu Barundi, ils ont accepté de se laisser tomber dans le – Piège des Quota – et cela risque de faire très mal au fur et à mesure qu'il faudra se serrer la vice économiquement parlant. Il faut exiger d'urgence que la Constitution Burundaise fasse du citoyen burundais, un citoyen égale en droit et en devoir … Pour le reste, on verra Mardi ;
– et troisièmement, supprimer des postes politiques non nécessaire (voir les multiples postes de – vices-  etc.).
Voilà quelques  vrais pistes sérieuses qui aideraient à réduire la cherté de la vie et  donc améliorer la vie des citoyens Burundais … "
DAM, NY, AGnews, le 24 mars 2012.

(1) Burundi: Projet de loi portant imposition des mandataires politiques [ http://www.afriquejet.com/mandataires-politiques-burundi-2012011931800.html ]
(2) Etude d'un système institutionnel adapté au Burundi [ http://www.burundi-agnews.org/agnews_guerre_institutionelle.htm ]
(3) Histoire du Burundi, [ http://www.burundi-agnews.org/histoire_du_burundi.htm ]

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