Alphonse Niyongere, président de l’Association Fraternité Ishaka (Photo: iwacu-burundi.org)
M. Alphonse Niyongere, président de l’Association Fraternité Ishaka (Photo: iwacu-burundi.org)

A 2 ans des élections, un débat riche au niveau institutionnel s’est ouvert au Burundi
A Bujumbura,  ce mardi 19 novembre 2013, par communiqué, l’association Fraternité Ishaka, représentant quelques Baganwa Barundi ( c’est à dire les enfants du dernier cycle dynastique de 4 – Ntare, Mwezi, Mutaga, Mwambutsa –  des Bami ou rois Barundi issues de la dernière dynastie royale du Burundi),  demandent leur « inclusion politique et sociale » dans la Constitution burundaise…

Le Burundi, avant d’être une République en 1966 par coup d’Etat, était un des vieux Royaumes  millénaire en Afrique : Ingoma Y’Uburundi.
Les Baganwa, dans la sociologie burundaise,  sont comparables aux familles princières en Europe ou ailleurs dans le monde. Traditionnellement, les Baganwa sont élevés un peu plus haut, dans l’échelle sociale,  que les autres notables Barundi (  appelés – BAtutsi – qui vient du mot -congolais- “BAlusi” ) – dont  ils font partis.
La Constitution burundaise, d’aujourd’hui, à cause des Accords d’Arusha,  a partagé le pouvoir au Burundi entre 2 “ethnies”: TUTSI et HUTU. A Arusha, en 2000, les BAHIMA burundais ( soit l’élite de la Dictature militaire féroce burundaise -Micombero, Bagaza, Buyoya-, qui, en 40 ans de règne, a fait plus de 4,5 Millions de victimes Barundi, représentés politiquement au sein du parti UPRONA ), ces derniers, ne voulaient pas entendre parler  de la 1ère Constitution démocratique votée au Burundi en 1992 qui elle consacrait la – citoyenneté burundaise –  à la suite de la Charte de l’Unité des Burundais qui venaient d’être adoptée à cette même époque.
Avec la Constitution de 1992, on était Burundais parce que on était citoyen du  Burundi, avec les mêmes droits et devoirs, et surtout égal devant la Loi.
Avec les Accords d’Arusha ( un peu comparable aux Accords sans belligérant que certains voudraient voir signer entre le M23 et la RDC Congo ) on a créé des citoyens burundais inégaux,  écartés, exclus et de seconde zone … Car seuls, ceux qui sont désignés HUTU ou TUTSI sont considérés et ont des droits et des devoirs. Tout en étant pas égaux devant la Loi,  car  des quotas ethniques interviennent: 60% pour les HUTU ( qui représentent 90% de la population) et 40% TUTSI (qui représentent 9% de la population).

Les “TUTSI” qui étaient  au pouvoir sous la Dictature des BAHIMA burundais (Micombero, Bagaza, Buyoya) -de 1966 à 2005- n’étaient pas des TUTSI dans la tradition sociologique Rundi. De plus, au Burundi, ce n’est pas l’ethnie qui détermine qui est qui. C’est le clan. Dans la sociologie burundaise, les Bahima n’étaient pas des “notables” sous la monarchie. Or,seul les notables, étaient TUTSI. Ce n’est qu’ à la venue des Belges que les Bahima sont devenus Batutsi (voir liste de M. Eugène SIMONS, Administrateur territorial en 1944 au Ruanda Urundi – http://burundi-agnews.org/uncategorized/?p=812 -). La thèse des Belges était que la Royauté Burundaise était d’origine Rwandaise et que Ntare Rutshasi (1er monarque de la Dynastie des Baganwa -dernière dynastie royale au Burundi-) était familier à RUHINDA (un monarque connu – Hima – originaire du KARAGWE ). Ce qui est totalement faux car le Monarque NTARE RUTSHASI était un MUHANZA ( certains disent un MUJIJI). Les clans BAHANZA et BAJIJI ont été classés parmi les BAHUTU par les BELGES. Or c’ étaient, eux, les véritables notables Barundi avant l’arrivée des Colons…

Avec la Constitution de 2005, emprunt des Accords d’Arusha , l’association Fraternité Ishaka veut signifier que les Baganwa ne comprennent plus rien… Les 40% réservés aux TUTSI au Burundi sont pris majoritairement par les HIMA (à près de 98%). Avec ce système, les enfants Bahima ne sont pas aux chômages ! Alors que les Barundi, qui ont du mal aujourd’hui à nourrir leur famille ,  ce sont eux qui ont été contraint, par les Bahima,  à faire la guerre civile  pour retrouver la Démocratie au Burundi.  Les Baganwa se sentent exclus dans leur propre pays. Ainsi, “ironiquement” dans leur dernier communiqué, ils exigent quelques choses comme “des quota ethniques” particulier à leur groupe social pour que leurs enfants, eux aussi, puissent continuer à exister. M. Alphonse Niyongere, président de l’Association Fraternité Ishaka écrit :  «La composante Baganwa du Burundi va au-delà du partage du pouvoir pour réclamer prioritairement la jouissance des droits reconnus à tous les citoyens burundais et la considération au même titre que les autres composantes de la société burundaise.»  Les Baganwa,  de l’association Fraternité Ishaka, souhaiteraient attirer une attention particulière sur – cette Constitution piège à quota ethnique – qui, d’abord fait abstraction – des réalités sociologiques coutumières Rundi – , et  qui  ne considère nullement  les Burundais(es) comme des citoyens à part entière égaux devant la LOI, ce qui est un véritable danger pour le BURUNDI à venir. 

DAM, NY, AGNEWS, le  24 novembre 2013

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