Site des déplacés de Ruhororo  (Photo : Iwacu-Burundi.org)
Site des déplacés de Ruhororo (Photo : Iwacu-Burundi.org)

30 jeunes du camps de déplacés ont été arrêtés par la Police Nationale Burundi.
Depuis la réactivation de la milice de la jeunesse d’extrême droite Hima burundaise – JRR –  au sein de l’UPRONA (ex-parti unique sous la Dictature), il y a quelque mois, un phénomène de violence urbain, connu autrefois,  réapparaît…

————————————-

Mardi 26 jusqu’à’ mercredi 27 novembre 2013, au camp de déplacés à Ruhororo en province de Ngozi,   où des attaques au gourdin et à la grenade devenaient peu à peu monnaie courante, la police nationale burundaise  a dû intervenir sur les lieux pour arrêter les suspects, responsables de cette insécurité. Il s’agit d’une trentaine de jeunes (membre de la JRR) qui, apparemment,  opéraient, sous le même modus operandi, qu’ à Ngagara (Bujumbura) au mois de mai ( voir affaire Justin Nyakabeto / CNTB ) où la police avait du intervenir pour débloquer une rue en faisant face à des centaines de jeunes ( membres de la JRR ) qui entonnaient des chansons : « Nous lutterons contre la CNTB, contre Sérapion, contre le génocide anti-Tutsi … ».  Au camp de déplacés de Ruhororo, les jeunes arrêtés disaient:« Nous savons comment vous avez tué les nôtres. Nous n’étions pas encore nés mais nous sommes au courant de tout» ou encore «C’est 1994 que nous revivons».
Ce discours victimaire est un des aspect  qu’entretient les courants radicaux Hima du parti UPRONA. Le malheur est que ce courant inculque la haine dans ces camps. En voici les conséquences …

—————–

Les camps de déplacés, pendant la guerre civile burundaise qui a pris fin en 2003, étaient des lieux sous hautes protections militaires.
Dans ce camp de déplacés, on trouve des familles (majoritairement des BaHima), qui après la fin de la guerre civile, n’ont pas voulu retourner dans leurs “collines d’origine”. Car, pour la plupart, certains avaient participé, pendant la guerre civile,au côté de l’armée burundaise ( FAB, nom des – Forces Armées Burundaises – sous la Dictature militaire Hima burundaise)  à des rafles de leurs voisins Barundi  dans les collines. Ou, encore, elles habitaient dans des habitations spoliées sous la Dictature.  D’où, aujourd’hui, leur peur de se rendre à nouveau dans leurs collines d’origine depuis le retour de la Démocratie qui a ramené victorieux les résistants qui ont combattu la Dictature militaire des Bahima…  Bref, ces déplacés, au Burundi,  sont considérés ,par les Barundi, au même titre que les -collabos- après la 2ème guerre mondiale …  Mais ces familles, aussi, sont restées   dans les camps, parce que, dit on, des membres de l’UPRONA (notamment des parlementaires connus), leur avaient promis que, si ils restaient dans ces sites, ils pourraient y bénéficier des aides internationaux pour construire des maisons et recevoir des parcelles, au même titre que les rapatriés Barundi.

Ces familles, et leurs enfants, comme de nombreux Bahima burundais, nient la réalité du Génocide-Régicide du Burundi, et crient au Génocide Tutsi pour faire confusion avec celui du Rwanda.  La Dictature des Bahima burundais (Micombero, Bagaza, Buyoya) a fait en près de 40 ans de règne plus de 4,5 Millions de victimes Barundi. Aujourd’hui, au Burundi,  c’est  le processus de Justice Transitionnelle en cours, à travers duquel, les Barundi découvre peu à peu  l’ampleur (ou la réalité) qu’aura été celui du Génocide. Par exemples à travers :  le rapatriement de plus d’un million de Barundi depuis une décennie, ou encore le travail colossal de la Commission Nationale Terres et autres Biens -CNTB- qui a remis des centaines de milliers de biens expropriés dont de nombreuses terres spoliées à des citoyens Barundi autrefois -Réfugiés- ou devenus des anonymes dans leur propre pays.   On espère au plus vite la mise en place de la Commission Nationale Vérité Réconciliation (CNVR) qui permettra ainsi à aider les plus jeunes Burundais à mieux comprendre ce qui s’est passé réellement au Burundi lors du Génocide …
De cette manière, il sera plus efficace de lutter contre ce courant d’extrême droite Hima burundais qui a fait le choix du négationnisme et de la violence.

DAM, NY, AGNEWS, le 28 novembre 2013

News Reporter