Le Génocide des Bahutu du BurundiUne Commission Nationale Vérité Réconciliation (CNVR) est annoncée fin de ce mois au Burundi. A cette occasion, le vice président du Burundi rencontrait hier les hauts gradés parmi les officiers de l’armée burundaise dénommé Forces de Défense Nationales (FDN). Ainsi, le vice président,M. Térence SINUNGURUZA  accompagné des membres de la commission technique sur la mise en place de la commission nationale vérité et réconciliation (cnvr) a pu recueillir  les avis et considérations du haut commandement de l’armée nationale, afin de donner les pistes auxquelles les membres de la future CNVR pourront s’inspirer lors de leurs fonctions.
Mme NKINAHAMIRA Pascasie, membre du comité technique sur la mise en place de la CNVR,en a profité pour rappeler que les membres de cette commission auront comme mission d’établir notamment les responsabilités sur les crimes  perpétrés dans le pays. L’intention est de faire sortir la vérité et ainsi aboutir à une réconciliation nationale. Par la suite, le vice président burundais a interpellé les hauts cadres de l’armée FDN à déterminer leurs propositions afin d’éclairer les futurs membres de la CNVR.
Les officiers FDN ont tour à tour émis leurs avis et propositions. En fin de recontre, le vice président les a rassuré en leur disant de ne pas oublier que l’important sera  pour les Burundais de savoir la vérité sur tout ce qui s’est passé au Burundi depuis l’indépendance.

enlightened Pour mieux comprendre …

L’objectif de la CNVR est de réconcilier les Burundais. C’est à dire les victimes avec leurs boureaux.
Les boureaux : La dictature des Bahima burundais (Micombero, Bagaza, Buyoya) a fait, en près de 40 ans, des millions de victimes parmi les Bahutu Barundi (Batutsi et Baganwa compris). On compte parmi ces derniers près 1 millions morts pendant ce génocide(1), 2 millions de réfugiés(2), et 1.5 millions d’internés dans des camps de concentration (3) (sous l’ère du dictateur Buyoya).
Les victimes: Autrefois, le Burundi était un des vieux royaume au sein du continent africain. Ce Royaume des Bahutu Barundi(les Batutsi et les Baganwa compris) a été destitué en 1966 par les Bahima burundais soutenus par la France et les autres Bahima de la Région (Ouganda,Rwanda et Tanzanie) après avoir contribuer aux assassinats de plusieurs personalités politiques importantes comme celles du prince Rwagasore, des princes Baraniyanka,du prince Kamatari et des nombreux chefs coutumiers dont principalement ceux de Muramvya en 1965. Depuis lors, les Bahutu Barundi ont vécu, pendant près de 40 ans, comme des orphelins, des réfugiés, des dépossédés, des exclus discriminés par le système scolaire nationale (la ségrégation vécue sous la dictature Bagaza avec les -i-  et les -U-) et des internés…
La Cause du pogrome anti-Bahutu qui a commencé par un régicide pour terminer par un génocide: Il s’agit d’un conflit à situer dans l’Histoire ancienne du Burundi(5).
– Vers 1410, NTARE I RUTSHASI (un -Muhanza-, intronisé par les -Bajiji-) combat RUHINDA (un muhima) pendant près d’une dizaine d’années. La victoire de S.A.R. NTARE I sur RUHINDA marquera à jamais un conflit lointain entre les baHutu et les baHima. Une chanson très populaire (“ngoma ya ruhinda”)(6) au Burundi évoque cette épisode tourmentée  de l’Histoire des Barundi.
– Sous Ntare IV Rugamba alias Rubogora (1740 – 1820), Sebwa, Chef d’état major des armées de Ntare IV, fils de Runyota, frère de Ndwano, va défaire Baramba (fils de Mpere, le Muhima, du Bugufi ou Buhagaza) près des chutes de la Kagera. Ce dernier s’était fait construire un tambour – kirimutima ou kitutsi -, et s’était proclamé indépendant.
– Enfin de nombreux faits historiques chez les Bahutu Barundi évoquent considérablement ce conflit avec les Bahima burundais. Un autre exemple parmi tant d’autres : Aux 19 ème siècle, comme on le dit à Kiremba (centre de pays), par exemple, où vivaient de nombreux Bahima burundais … Les vaches de ces derniers furent réquisitionées par la population bahutu à cause de leur sentiment anti-monarchique. Les Bahima de Kiremba ne voulaient pas donner le lait et le beurre de leurs boeufs aux Mwami…
-En 1958, le Projet de l’Empire des Grands Lacs – en réalité celui des Bahima – porté par Mutesa II, Kabaka du Buganda (actuel Ouganda) et Mutara III (Mwami du Rwanda), souhaite réunir le Rwanda, le Burundi, le Buganda et l’Ankore, Toro, et le Bunyoro. Ce projet écarte le Mwami Mwambutsa de l’Urundi …
-En 1963, le plan “Shibura-Nyamoya-Symbananye” est pour la première fois dénoncée. En 1967, il sera mis à nu par un officier burundais. Il évoque le plan symbananye.

La finalité :

En 1966, les Bahima burundais déclarent la fin de la Monarchie des Bahutu Barundi et proclame la République.


Le souhait pour les victimes Barundi d’une loi sur la mémoire historique …
Selon les résultats de la consultation populaire qui a eu lieu en 2010 au Burundi, cadrant sur la mise en place de la Commission nationale vérité-réconciliation (Cnvr), entre 83% et 90% des Barundi consultées veulent que l’on organise des funérailles dignes pour les victimes des différentes tragédies qu’a connues le pays.
En Espagne, l’Etat espagnol a mis en place “une loi sur la mémoire historique”(4)  (Ley de la Memoria Histórica)- en vue d’aider les victimes espagnoles à faire leur deuil face aux atrocités de la dictature franquiste. Cette loi permet aujourd’hui aux victimes espagnols de vivre, en faisant face aux enfants dont les parents étaient les pourfendeurs de la dictature de Franco (les boureaux).
Au Burundi, une CNVR va être mise en place au cours de ce mois de Janvier 2012. Elle est censée aider les victimes de la dictature des Bahima burundais (de 1965 à 2003), soit 4,5 millions de Bahutu Barundi (Batutsi et Baganwa compris), à pouvoir commencer à faire leur deuil. Par exemple, en avril de cette année 2012, deux évènements majeurs dans ce processus de justice transitionnelle vont avoir lieu : – la première commémoration officielle du 40ème anniversaire du Génocide des Bahutu Barundi (Batutsi et Baganwa compris); et l’inhumation digne du fils de Mwambutsa IV, le muganwa (prince) Charles Ndizeye devenu pour un temps (le roi Ntare V) jeté dans les fosses communes lors du Génocide.
Au Burundi, les citoyens Barundi, interrogés par AGnews, souhaitent comme en Espagne: – retirer des lieux publics les symboles de la dictature militaire de Bahima, comme des status, des photos des dictateurs dans les lieux publiques ou dans les livres; – rebaptiser les noms des rues et celles des institutions, établissement scolaires qui portent les noms liés  au Régime ségrégationiste des Bahima  et à celle de ses partisans. Les Barundi veulent pouvoir mettre à jour les fosses communes, dans le but d’éviter de répéter les erreurs du passé et de condamner les crimes commis. Là, un – Centre Documentaire sur cette histoire tragique des Barundi-  prendrait son sens …
Notes:
(1) Le génocide des Bahutu Barundi (Ce groupe comprend aussi les Batutsi et les Baganwa).
Lien: http://www.burundi-agnews.org/genocide.htm
(2) Quarante année de vie comme réfugiés : Les réfugiés bahutu barundi.
(3) Les camps de concentration du Burundi (1996 – 2001) ou – camps de regroupement – du Major Buyoya.
(4) Ley de la Memoria Histórica.
Le mouvement politico-civil en Espagne s’est terminé avec le vote d’une « loi sur la mémoire historique » (Ley de la Memoria Histórica), portée par le gouvernement de José Luis Rodríguez Zapatero et adopté par les députés du Congrès le 31 octobre 2007. Elle inclut : – la création d’un siège des Archives générales de la Guerre Civile, qui sera intégré au Centre Documentaire sur la Mémoire Historique ; – le “caractère radicalement injuste de toutes les condamnations, sanctions et violences personnelles […] durant la Guerre civile et […] la Dictature” : même si les jugements ne sont pas annulés, toute demande de révision doit être examinée, sans opposition possible de la Justice ;  l’extension des aides aux victimes de représailles et à leurs familles (pensions, compensations financières); – l’aide de l’État à la localisation, l’identification et éventuellement l’exhumation des victimes de la répression franquiste dont les corps sont encore disparus dans les fosses communes;  – le retrait des symboles franquistes : la loi établit que les “écus, insignes, plaques et autres objets ou mentions commémoratives qui exaltent le soulèvement militaire, la Guerre civile ou la répression de la dictature” devront être retirés des édifices et espaces publics; – l’ interdiction des “actes de nature politique […] exaltant la Guerre civile, ses protagonistes ou le franquisme”; – l’obtention de la nationalité espagnole pour les brigadistes qui ont dû renoncer à la leur ; – l’obtention de la nationalité espagnole pour les enfants et petit-enfants d’exilés qui s’étaient  exilés sous la dictature et qui avaient perdu ou avaient dû renoncer à la nationalité espagnole entre les dates du 18 juillet 1936 et du 31 décembre 1955.
(5) L’Histoire du Burundi.  Lien : http://www.burundi-agnews.org/histoire_du_burundi.htm
(6) La chanson populaire “Ngoma ya ruhinda” évoque au Burundi l’épisode tourmenté  dans l’Histoire des Barundi où Ntare et Ruhinda se livre bataille… Lien : http://www.youtube.com/watch?v=HujodqLrLCs
DAM,NY,AGnews, le 10 janvier 2012.
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