Le président de la CNTB accorde une interview aux journaliste, à Rumonge ©Iwacu  Le président de la CNTB accorde une interview aux journaliste, à Rumonge ©Iwacu
Le président de la CNTB accorde une interview aux journaliste, à Rumonge ( photo: iwacu-burundi.org )

A propos de la Commission nationale terres et autres biens (CNTB) 

Effectivement, l’Assemblée nationale du Burundi a adopté le 28 décembre 2013 à une très large majorité un projet de loi portant révision de celle qui a créé en 2009 la Commission nationale terres et autres biens (CNTB), chargée de régler notamment les conflits fonciers nés des différentes spoliations et autres vols de biens appartenant aux victimes du cycle de violence, qu’utilisait comme mode de gouvernement, la junte militaire au pouvoir pendant la dictature de 1965 à 1993 au Burundi.


Comme l’affirme bien la présidente de la commission bonne gouvernance à l’Assemblée nationale, Bénigne Rurahinda, « c’est donc une opportunité pour mieux prendre en compte la spécificité de la question des biens spoliés à la suite des crises qu’à connu le Burundi », notamment en 1972 période pendant laquelle un génocide contre les Hutu a été perpétré au vu et au su de tout le monde, lors des massacres commis par la dictature à Ntega et Marangara en 1988 puis après l’assassinat du 1er Président démocratiquement élu en 1993.


Il est vraiment très étonnant voire révoltant de lire des écrits d’une certaine presse (par exemple à propos de cette loi AFP et RFI 29 décembre 2013) qui ne se gêne pas à critiquer les efforts consentis par les victimes de cette longue dictature à qui la commission CNTB incite à accepter sans dédommagement ou compensation, le fait qu’on a exploité ou profité de ses biens pendant plus de 40 ans et/ou à céder sans broncher une partie de la propriété foncière spoliée ou volée, pour le bien compris de la réconciliation nationale.


C’est aussi naturel que ceux qui profitaient de la dictature sous le régime du Parti-Etat UPRONA ne soient pas d’accord avec cette loi puisqu’elle a profité aux siens. C’est dans ce cadre aussi que nous pouvons comprendre l’attitude du groupe UPRONA qui avait préféré boycotter cette séance de l’Assemblée nationale pour « ne pas cautionner une loi qui va mettre à mal la réconciliation nationale ». Son porte-parole, Bonaventure Gasutwa, n’a pas mâché ses mots. « Le texte actuel était déjà mauvais, mais au lieu de l’améliorer, on est venu empirer cela. Nous ne pouvons pas accepter cela », quoi d’anormal ?


Les anciens hommes forts lors de la dictature dont les proches ont commis ces forfaits exigent que la victime spoliée, quant à elle dont les proches ont été massacrés, qui a eu la vie sauve en se réfugiant à l’étranger, au retour au Burundi s’elle souhaite récupérer ses biens volés ou spoliés, elle ou l’Etat consente à donner au spoliateur ou receleur une compensation proportionnelle ou équivalente aux dits biens ; autrement dit pour que le voleur puisse bien vouloir dans sa bonté restituer l’objet volé quand il est attrapé en flagrant délit, ce dernier exigerait que préalablement sa victime ou tout autre personne lui gratifie de l’équivalent de la chose dérobée sans quoi la victime n’a qu’à aller voir ailleurs, quoi d’anormal ?


La réconciliation nationale c’est une noble tâche mais quand des tireurs aux flans continuent à attiser le feu en remuant le couteau dans la plaie de la victime, non encore cicatrisée par des sorties médiatiques non appropriées ou indélicates, nous devrions nous arrêter un moment et nous interroger sérieusement sur leurs mobiles car trop de sang a déjà coulé au Burundi, avant qu’il ne soit trop tard. Trop c’est trop mais pour eux trop n’est pas encore assez trop.

Kabura Nicodème.

La nouvelle loi sur la CNTB a-t-elle le soutien de l’opinion publique ? Convertir en PDF Version imprimable Suggérer par mail
Opinion

@rib News, 30/12/2013

A propos de la Commission nationale terres et autres biens (CNTB)

Par Kabura Nicodème

Effectivement, l’Assemblée nationale du Burundi a adopté le 28 décembre 2013 à une très large majorité un projet de loi portant révision de celle qui a créé en 2009 la Commission nationale terres et autres biens (CNTB), chargée de régler notamment les conflits fonciers nés des différentes spoliations et autres vols de biens appartenant aux victimes du cycle de violence, qu’utilisait comme mode de gouvernement, la junte militaire au pouvoir pendant la dictature de 1965 à 1993 au Burundi.

Comme l’affirme bien la présidente de la commission bonne gouvernance à l’Assemblée nationale, Bénigne Rurahinda, « c’est donc une opportunité pour mieux prendre en compte la spécificité de la question des biens spoliés à la suite des crises qu’à connu le Burundi », notamment en 1972 période pendant laquelle un génocide contre les Hutu a été perpétré au vu et au su de tout le monde, lors des massacres commis par la dictature à Ntega et Marangara en 1988 puis après l’assassinat du 1er Président démocratiquement élu en 1993.

Il est vraiment très étonnant voire révoltant de lire des écrits d’une certaine presse à propos de cette loi (par exemple AFP et RFI 29 décembre 2013) qui ne se gêne pas à critiquer les efforts consentis par les victimes de cette longue dictature à qui la commission CNTB incite à accepter sans dédommagement ou compensation, le fait qu’on a exploité ou profité de ses biens pendant plus de 40 ans et/ou à céder sans broncher une partie de la propriété foncière spoliée ou volée, pour le bien compris de la réconciliation nationale.

C’est aussi naturel que ceux qui profitaient de la dictature sous le régime du Parti-Etat UPRONA ne soient pas d’accord avec cette loi puisqu’elle a profité aux siens. C’est dans ce cadre aussi que nous pouvons comprendre l’attitude du groupe UPRONA qui avait préféré boycotter cette séance de l’Assemblée nationale pour « ne pas cautionner une loi qui va mettre à mal la réconciliation nationale ». Son porte-parole, Bonaventure Gasutwa, n’a pas mâché ses mots. « Le texte actuel était déjà mauvais, mais au lieu de l’améliorer, on est venu empirer cela. Nous ne pouvons pas accepter cela », quoi d’anormal ?

Les anciens hommes forts lors de la dictature dont les proches ont commis ces forfaits exigent que la victime spoliée, quant à elle dont les proches ont été massacrés, qui a eu la vie sauve en se réfugiant à l’étranger, au retour au Burundi s’elle souhaite récupérer ses biens volés ou spoliés, elle ou l’Etat consente à donner au spoliateur ou receleur une compensation proportionnelle ou équivalente aux dits biens.

Autrement dit pour que le voleur puisse bien vouloir dans sa bonté restituer l’objet volé quand il est attrapé en flagrant délit, ce dernier exigerait que préalablement sa victime ou tout autre personne lui gratifie de l’équivalent de la chose dérobée sans quoi la victime n’a qu’à aller voir ailleurs, quoi d’anormal ?

La réconciliation nationale c’est une noble tâche mais quand des tireurs aux flans continuent à attiser le feu en remuant le couteau dans la plaie de la victime, non encore cicatrisée par des sorties médiatiques non appropriées ou indélicates, nous devrions nous arrêter un moment et nous interroger sérieusement sur leurs mobiles car trop de sang a déjà coulé au Burundi, avant qu’il ne soit trop tard. Trop c’est trop mais pour eux trop n’est pas encore assez trop.

Kabura Nicodème.

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