Mission d’observation électorale Burundi 2010
 
A l'occasion unique du Cinquantenaire d'Indépendance du Burundi, dans les télévisions françaises et belges, on a entendu des journalistes présenter le Burundi  comme étant un pays à parti unique où le chemin démocratique est encore "assez long". Les Belges proposent même d'aider : –  à améliorer la gouvernance ; la  lutte contre la corruption; organiser des élections justes en 2015 ( Soutendant que celles de 2010, boycottées par l'opposition n'étaient pas justes) ; et mettre en place un "vrai multipartisme". Pourquoi confondre le Régime Nkurunziza / Cndd-fdd  au Burundi avec les régimes dictatoriales d'autrefois ( au moment où la Balkanisation en RDC (Congo) s'organise ) ?  Y-a-t'il réellement  un parti unique dominant (le CNDD-FDD) au Burundi ?
  
 
1. Le Burundi sort de 40 ans d'une dictature militaire féroce, celle des Bahima burundais (Micombero, Bagaza, Buyoya),  qui a fait plus de 4,5 Millions de victimes parmi les "Bahutu" Barundi. D'où le conflit du Burundi oppose les Bahima burundais (les enfants de la Dictature ou de la République ) aux Bahutu Barundi ( les enfants de l'ancien Royaume millénaire de l'Urundi ou  Burundi ).   Il ne s'agit donc pas d'une opposition ethnique  Hutu contre Tutsi comme on a tendance à croire [ Voir notes (1) ].
 
2. Les scrutins électives au Burundi sont  de types proportionels et non majoritaires. 
Contrairement à des pays comme la France, l'Angleterre, ou les USA, où les scrutins sont majoritaires (c'est à dire adapter à la majorité, qui souvent est la  moins instruite), le Burundi, qui sort de plus de 40 ans d'une des dictatures les plus féroces du 20 ème siècle, a hérité avec les Accords d'Arusha du must des types de scrutin -la proportionelle- (que l'on retrouve dans les pays comme la Belgique et la scandinavie   – nations fortement instruites – ). Cela a un prix. Le projet politique du parti vainqueur est réellement freiné à être mise en place. Le vainqueur des éléctions (CNDD/FDD  64 % ) gouverne avec les perdants des élections ( Uprona 6,3 % ). Il ne s'agit pas comme en France où la Gauche s'oppose à la Droite ou encore aux USA où les Démocrates font face aux Républicains.  Le jeu politique n'est pas polarisé. Bref les réformes sont lentes à venir… Après une longue période de destabilisation d'un pays, les experts du Droit recommande plutôt des scrutins de types majoritaires car il faut des décisions rapides et des actions fortes pour reconstruire. Voilà  le Burundi vit la conséquence des scrutins hérités des Accords d'Arusha de 2000 où les Bahima burundais (Buyoya) ont réussi à imposer ces institutions  à la proportionnelle [voir Notes (2)].
 
3. En plus, des quota ethniques existent. Ils obligents d'avoir dans la composition des parties toutes les composantes nationales (les ethnies, les femmes, etc.), et  il doit y avoir 60% de Bahutu et 40% de Batutsi  Barundi.
 
4. Pourtant un projet politique existe …
Le Burundi est un état à multipartisme. Il existe 44 partis politiques  [ Voir notes (2) ] .  
Le parti politique CNDD/FDD de S.E. Nkurunziza Pierre, le très populaire président africain du Burundi, s'est donné pour objectifs: a) de décentraliser le pays; (b) et de moderniser le système socio-économique nationale. C'est à dire  : b.1.  moderniser le système éducatif au Burundi ; b.2. Encourager l'esprit d'initiative ; et b.3. Moderniser la gestion du territoire nationale.  Les réalisations de ce projet sont en cours et palpables …  Le parti CNDD/FDD, que certains pays occidentaux appellent le parti unique au Burundi, a gagné les élections démocratiques en 2005 et en 2010. Mais avec les  règles d'imposition de la proportionelle, le CNDD/FDD compose avec des partis comme l'ancien parti unique UPRONA devenu celui des Bahima Burundais (Donc l'ancien dictateur sanguinaire Buyoya ). Par exemple, le Premier Vice Président du Burundi est de l'UPRONA. Au parlement (Assemblée et Sénat), on retrouve de nombreux upronistes. Mais on y retrouve aussi une pléade de petits partis implantés depuis les Communes jusqu'à l'Etat.
Ce n'est pas un premier vice président Uprona  qui va mettre la gomme pour que le projet de décentralisation du CNDD/FDD se mettent en place afin que les  communes du pays puissent devenir autonome financièrement !
Aux élections de 2010, certains partis politiques burundais ont tenté de se rassembler en coalition pour remporter les scrutins. Ils ont pris le nom de ADC Ikibiri. Ensemble, l'ADC Ikibiri, après les Communales de mai 2010, totalisait plus de 29,78 % des votes ( FNL 16,04% /  MSD 4,75 % / FRODEBU 6,36% / CNDD NYANGOMA 0,98 % / UPD 1,65 % ). L'Uprona (non membre de la coalition) a eu 7,86 %. Le CNDD/FDD a obtenu  62,17 % des votes. L'idée du rassemblement de partis (coalition) est typique des institutions issues de la proportionelle. Sous conseil de la Belgique et de la France, au niveau de la géopolitique qui se joue dans la Région des Grands Lacs, les partis de l'ADC Ikibiri pensaient qu'en coalition  il aurait pu avoir une majorité pour gouverner et écarter le parti CNDD/FDD (qui rassemblent les enfants de l'ancien Royaume de l'Urundi – ou plus communément appelés les Bahutu Barundi comprenant Batutsi et Baganwa ). Car en Belgique, par exemple, la NVA (parti Flamand) a gagné les élections nationales mais elle a été écartée du pouvoir par une coalition de plusieurs autres partis  qui totalise une majorité au Parlement. La proportionelle permet ce genre de fait politique (apparemment non démocratique car ne reflétant pas l'esprit majoritaire mais bien des minorités rassemblées ).
Au Burundi en 2010, ces subtilités de la proportionalité demandant un peu de sagesse et de patience à mettre en place (surtout dans une société peu instruite  ) n'ont pas été comprises par l'ADC Ikibiri. Par l'impulsion d'un de ces leaders, impatient, qui a préferré miser sur la violence pour exister politiquement, l'ADC Ikibiri a quitté les élections croyant que la Communauté Internationale  allait imposer aux Barundi, comme à Arusha, des négociations de partage du pouvoir.  Le calcul était faux !   [lire note (3)]
 
5. La société civile burundaise, rassemblant une majorité de corporation professionelle, est outrageusement dominée par les Bahima du Burundi. 
Ces corporations sont: les syndicats d'enseignants, les journalistes, les juristes, les avocats, les magistrats, les médecins, les militants de Droit de l'Homme et  de la lutte contre la corruption etc.  Ce sont elles qui mènent la dance…  La société civile, dans un secteur comme les médias ou les Droits de l'Homme par exemple, souvent dispose plus de moyen que l'Etat. La société civile peut être financée par des Etats ou des multinationals (ou ONGs) ou des Multi Etats (UE, USA etc.) .  Aujourd'hui, c'est cette société civile là qui explique au monde le Burundi profitant de la confiance parfois naïve que lui accorde la communauté internationale .  Il y a des dérives importants … Ainsi une personne trouvée à un endroit mort d'une mort naturelle ou accidentellement, car au Burundi, lorsqu'une personne  meurt la police n'est pas la première informée,  devient via les média et les organisations des Droits de l'Homme  une exécution extrajudicaire réalisée par  le Régime en place. 
La magistrature joue le jeu des Bahima burundais: – des procureurs ne mènent pas des enquêtes judiciaires nécessaires ;  et certains juges n'hésitent pas à prononcer des jugements contraires au droit afin que la Justice burundaise en prenne un coup au niveau de son image.   Le pire, c'est la corruption que cette société civile voit partout alors que des efforts énormes sont consentis par l'Etat. Par exemple, la décentralisation en cours  a réduit considérablement le phénomène de corruption au Burundi. 
L'image du Burundi est devenue  à ce point, de part cette domination de la société civile par les Bahima burundais, très négative.
Cela a pour conséquence que des bailleurs de fond se retirent de leur promesse … Alors que les citoyens barundi semblent eux de plus en plus heureux [ notes (4) ].
 
 
En conclusion, le Burundi, comme on vient de le voir,  n'est pas une dictature. Il s'agit d'une démocratie avec un type de scrutin à la proportionnelle et des quota ethniques. Le CNDD/FDD, bien qu'il a gagné les élections générales en 2010, n'est pas seul au commande de l'Etat du Burundi. Ce parti n'est pas un parti unique dominant car seul, la société civile du Burundi domine le débat national et donne l'image qu'elle veut du Burundi.  Le Burundi reste  un pays à enjeu géopolitique important dans la région d'Afrique des Grands Lacs.
 
Notes : 
 
(1) Barundi, Bahutu , Batutsi, Bahima  …
-Les grandes dates de l'Histoire des Barundi, et du Royaume de l'URUNDI ,  [ http://www.burundi-agnews.org/histoire_du_burundi.htm ]
 
(2) Les institutions du Burundi.
– Le code oesothérique de l'Urundi ( sorte de Constitution, sous le Royaume de l'Urundi ).  
– Burundi: Bref historique institutionnel  (Bilal Luqman, 19 sept. 2004)… [ http://www.burundi-agnews.org/index.php/societe/histoire/histoire-du-burundi/624-burundi-bref-historique-institutionnel- ]
-En 1992, La Constitution du Burundi en 1992 [ http://burundi-agnews.org/images/pdf/Constitution_burundi_1992.pdf ]
-En 1996 (Coup d'Etat Buyoya II), Acte constitutionel d'abrogation de la Constitution de 1992, [ http://burundi-
-En 1998 (Suite Coup d'Etat Buyoya II), L'acte constitutionel de Transition, [ http://burundi-agnews.org/images/pdf/acte_constitutionel_transition_burundi.pdf ]
-En 2000, Les Accord d'Arusha, [ http://burundi-agnews.org/images/pdf/accorddarusha.pdf ]
-En 2003, Loi organisant les partis politiques au Burundi : [http://burundi-agnews.org/images/pdf/loipartipolbdi.pdf]
-En 2005, La Constitution du Burundi, [ http://burundi-agnews.org/images/pdf/constitution_burundi.pdf
-En 2005, Le Code électoral du Burundi,[ http://burundi-agnews.org/images/pdf/Code_Electoral-burundi.pdf ]
-En 2009, Révision de la loi de 2005, code élecorale du Burundi , [ http://burundi-agnews.org/images/pdf/Loi_Electorale2009.pdf]
-En 2010, Loi des Communes au Burundi (Revision), [ http://burundi-agnews.org/images/pdf/loi_communale_2010_burundi.pdf ]
-En 2010, code de conduites des parties politiques et média au Burundi [ http://burundi-agnews.org/images/pdf/bur2010code.pdf ]
 
(3) Les élections de 2010 au Burundi.
15-06-2010: Synthèse nationale des résultats du scrutin communal  CENI [ http://burundi-agnews.org/images/pdf/CENI_Burundi_resultat_elections_communales_mai_2010.pdf ]
24-06-2010 : Rapport d’observation des élections communales du 24 mai 2010, [ http://burundi-agnews.org/images/pdf/Cosome_election_communal_2010.pdf ]
12-10-2010 : La Mission d'observation électorale de l'Union européenne au Burundi, rapport final:  [ http://burundi-agnews.org/images/pdf/final-report-burundi-2010_fr.pdf ]
Décembre 2010: Rapport général sur le processus électoral de 2010: [  http://burundi-agnews.org/images/pdf/ceni_rapport_general_election_2010.pdf
 
(4) Des signes positifs du Burundi : 
– 28 Juin 2011 : Burundi: Nkurunziza Pierre ou le meilleur président africain actuel. [ http://www.burundi-agnews.org/index.php/economie/economie-a-affaires/1348-burundi-nkurunziza-pierre-ou-le-meilleur-president-africain-actuel ]
– 14 novembre 2011 : Burundi: Un état impliqué dans le développement. [ http://www.burundi-agnews.org/index.php/societe/1678-burundi-un-etat-implique-dans-le-developpement?showall=1&limitstart= ]
– 22 Mars 2012 : Burundi: Pierre Nkurunziza ou l'âme d'un Tambour amoureux de Sorgho. [ http://www.burundi-agnews.org/index.php/societe/sport/2113-burundi-pierre-nkurunziza-ou-lame-dun-tambour-amoureux-de-sorgho ]
– 27 Avril 2012 : Burundi: Pierre Nkurunziza, le Président préféré de l'Afrique (Gallup) [ http://www.burundi-agnews.org/index.php/societe/sport/39-politique/2229-burundi-pierre-nkurunziza-le-president-prefere-de-lafrique-gallup ]
– 30 Juin 2012: Burundi: Discours du Président pour le Cinquantenaire. [ http://www.burundi-agnews.org/index.php/societe/sport/2411-burundi-discours-du-president-pour-le-cinquantenaire ]
 
DAM,NY,AGNEWS, le 5  juillet 2012.
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